Benchmark des Plateformes de Gestion de la…
Depuis mai 2017, les prix du diesel et de l’essence ont augmenté respectivement de 23% et 15% devenant ainsi sensiblement égaux, ce qui est une situation inédite dans l’histoire du marché des carburants en France.
Depuis mai 2017, les prix du diesel et de l’essence ont augmenté respectivement de 23% et 15% devenant ainsi sensiblement égaux, ce qui est une situation inédite dans l’histoire du marché des carburants en France.
Quelles sont les raisons de cette augmentation du prix des carburants ?
La principale raison est la hausse du prix du baril de pétrole depuis le ralentissement de la production par les pays membres de l’OPEP. Une seconde raison est la hausse des taxes françaises même si, selon l’UFIP (Union française des industries pétrolières), elles ne constituent qu’un tiers de la flambée actuelle du prix des carburants (la hausse du prix du baril impactant les deux tiers de cette augmentation).
La France est à la tête du classement des prix du carburant en Europe en occupant la 4ème position pour le prix du diesel et la 6ème position pour le prix du sans plomb. Cette tendance devrait se poursuivre avec l’ambition du gouvernement d’aligner la fiscalité carbone de ces 2 carburants avant la fin du quinquennat.
Même si le projet de loi de finances pour 2019, qui prévoyait une hausse de la fiscalité sur le diesel et sur l'essence dès janvier 2019, a été suspendu par le gouvernement en réponse au mouvement des « gilets jaunes », cette contestation a mis en lumière l’enjeu sur le pouvoir d’achat que peut avoir une plus forte taxation des carburants classiques.
Dès lors, quelles peuvent être pour les consommateurs les alternatives aux carburants traditionnels face à la hausse du prix de ces derniers ?
Aujourd’hui, de nouvelles possibilités voient le jour peu à peu. Par exemple, l’association « Roule Ma Frite 66 » propose de récupérer à moindres coûts des litres d’huiles alimentaires usagées afin de remplacer l’essence. De manière générale, la production et l’utilisation de biocarburants à base de culture oléagineuse, d’alcool ou de biogaz, connaissent un accroissement significatif.
Il s’agit désormais de savoir si ces biocarburants présentent un réel intérêt économique pour le consommateur d’une part et un intérêt écologique pour la planète d’autre part.
Les biocarburants sont des carburants fabriqués à partir de matériaux organiques non fossiles, produits à partir de la biomasse (provenant principalement de plantes). On les trouve le plus souvent sous forme liquide et ils ont aussi l’avantage de pouvoir être mélangés à des combustibles fossiles en faible concentration sans qu’il soit nécessaire de changer le moteur ou le carburant du véhicule.
On dénombre trois générations de biocarburant
Les carburants de 1ère génération
Une large variété de matières premières agricoles et de procédés de fabrication sont utilisés pour produire les biocarburants de première génération. Cette génération de biocarburants est fabriquée à partir de céréales, de betterave ou de colza.
Les carburants de 2ème génération
Les biocarburants de 2ème génération sont produits à partir de la plante entière, du bois, de la paille ou encore des déchets de lignine, de cellulose ou d'hémicellulose. Il existe deux voies de transformation : la voie dite thermochimique pour produire du biodiesel mélangé ensuite au gazole et la voie biochimique pour produire de l'éthanol et ensuite le mélanger à l'essence
Les carburants de 3ème génération
Les biocarburants de 3ème génération sont produits à partir de biomasse algale. Ils en sont encore au stade de recherche et développement mais ils semblent comporter de multiples avantages écologiques et financiers par rapports aux générations précédentes. Il est à noter que les biocarburants ne sont pas utilisés purs et sont toujours incorporés à des doses variables dans de l’essence ou du diesel. Il convient à présent de savoir comment ces biocarburants sont représentés et utilisés sur le marché français.
Marché total de l'essence en France :
SP95 – E10 : il se compose à la fois d’essence et de bioéthanol (10%). C’est la première essence de France avec 47% des parts de marché.
E85 – Super Ethanol : il se compose également d’essence et de bioéthanol mais avec une proportion bien plus élevée de ce dernier à hauteur de 80%.
En revanche, les voitures dites Flex-Fuel, capables de rouler avec tous les carburants, restent encore extrêmement rares à l’achat sur le marché français.
Il est toutefois possible d’installer des boîtiers dans les moteurs pour les rendre compatibles au biocarburant. Ces boîtiers ont par ailleurs été homologués par le ministère de de la transition écologique fin 2017, ce qui va faciliter leur déploiement et leur utilisation en France.
Plutôt bien représenté sur le marché français, il s’agit dès lors de savoir quels sont les avantages du bioéthanol par rapport aux carburants classiques.
Fin 2018, le Parlement européen a voté la suppression de l’huile de palme dans les carburants d’ici à 2021 d’une part et le plafonnement des biocarburants issus des cultures vivrières d’autre part.
Ce vote s’explique par les problématiques éthiques et environnementales que génère la culture des biocarburants (déforestation, pollution des sols, diminution des surfaces agricoles vivrières, etc).
Ainsi, d’un point de vue éthique, la culture de l'huile de palme, tout comme celle du colza, accapare des terres agricoles qui ne sont alors plus utilisées pour de la culture alimentaire. Or, dans un contexte d’augmentation constante de la population mondiale, on ne doit pas choisir entre manger et conduire" selon Corinne Lepage, présidente du Rassemblement citoyen - Cap21. D’après des spécialistes du développement durable, la production de biocarburants dédiés aux transports nécessiterait "104% de surface du territoire français pour le colza, 118% pour le tournesol, 420% pour la betterave, et 9400% pour le blé".
Outre ces problématiques éthiques, les produits proposés peuvent également entraîner des problèmes environnementaux. Le ministère de l’Agriculture a par exemple démontré dans le cadre d’une étude parue en 2013 que les pesticides sont davantage utilisés (plus de 80% supplémentaires) pour ce genre de cultures, provoquant ainsi un appauvrissement et une pollution des sols.
Au regard de cette analyse, la réponse à la hausse des prix des carburants traditionnels par une utilisation des biocarburants est à nuancer.
La première limite concerne l’impact écologique des biocarburants. En effet, dédier des surfaces agricoles pour des cultures non alimentaires pose question alors qu’il y a une augmentation soutenue de la population mondiale. En outre, la monoculture réduit la diversité des plantes, appauvrit la biodiversité et facilite l'érosion des sols.
La seconde limite est que les biocarburants ne s’adressent pas à tous les types de consommateurs. En effet, rouler au bioéthanol ne devient rentable qu’à partir du 16 500e km parcouru (en prenant en compte l’investissement de départ pour la pose d’un boîtier dédié).
Néanmoins, des perspectives nouvelles et encourageantes sur les biocarburants existent. Il s’agit notamment des algocarburants, fabriqués à partir d’algues marines, qualifiés de biocarburants de troisième génération. Ces derniers permettent d’éviter la sollicitation non alimentaire des sols ainsi que la consommation d’eau potable car leur culture se fait en eau salée uniquement. Encore au stade de la recherche et du développement, les algocarburants méritent perfectionnement et fiabilisation, ne serait-ce que pour constituer une alternative véritablement abordable pour les consommateurs.