La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Malgré une augmentation du nombre d’aidants en France, beaucoup n’ont pas conscience de leur rôle
Cet article fait partie de notre série "Dossier Autonomie et Bien-vieillir." Cliquez ici pour le premier et le deuxième article.
D’aidants en France dont 54% qui n’ont pas conscience de leur rôle.
11 millions
En 2019, on comptait près de 11 millions d’aidants, soit 1 français sur 6. Le rôle d’aidant est source de difficultés aussi bien psychologiques (stress, anxiété, surmenage, moral, solitude, …) que physiques (problèmes de dos, fatigue physique, …). Leur santé est également régulièrement mise de côté ce qui peut entrainer des retards de diagnostics, une mauvaise observance, etc. Nombreux sont les aidants à encore méconnaître voire ignorer leur statut. Pourtant, l’information et la reconnaissance autour du statut d’aidant ont été fortement accrues ces dernières années.
Aujourd’hui, 54% des aidants n’ont pas conscience de leur rôle [1]. Cela pose la question de leur identification par les pouvoirs publics et l’écosystème associé, mais aussi de la prise de conscience de l’aidant lui-même de son statut.
A titre d’exemple, les critères suivants peuvent être envisagés :
Depuis 2015, la reconnaissance du statut d’aidant est de plus en plus forte. 40% des personnes déclarent aujourd’hui être au courant de la problématique des proches aidants, contre seulement 28% en 2015. Les évolutions législatives et concertations menées œuvrent en effet en faveur d’une meilleure reconnaissance du statut de proches aidants.
L’augmentation du nombre de proches aidants et de leurs difficultés explique notamment l’intérêt des pouvoirs publics qui se saisissent progressivement de leur accompagnement. La législation et les concertations menées reconnaissent le statut et l’accompagnent :
La reconnaissance du statut d’aidant et la prise de conscience des difficultés de ces derniers ont poussé des organisations de toutes sortes à développer des dispositifs de soutien aux aidants :
Plus globalement, ces initiatives peuvent être regroupées selon 4 axes principaux :
Ces législations et concertations successives ne constituent encore qu’une première marche vers la construction d’une politique globale cohérente.
En attendant, des initiatives se sont développées au sein des territoires afin de répondre aux problématiques des proches aidants. La variété de ces dispositifs d’appui et des acteurs terrains rend difficile toute évaluation de l’efficacité des mesures proposées aux aidants.
Se posent également la question des financements proposés par les pouvoirs publics. Si les procédures telles que les appels à manifestation d’intérêt offrent aux acteurs terrains une certaine flexibilité, les appels à projets restent encore souvent la norme au sein des ARS. Ces procédures peuvent s’avérer très contraignantes pour les acteurs terrains, et nécessite la constitution de dossier conséquent sans lien avec le montant du financement demandé.
Surtout, les dispositifs d’aide et de soutien aux aidants sont souvent mal connus des aidants eux-mêmes. Pour 4 aidants sur 10 le médecin traitant est l’acteur qui les aide le plus au quotidien. Ensuite, viennent les aides ménagères et les agents de services à domicile, puis les infirmières. Les assistantes sociales et les services sociaux de la mairie ou du département viennent se placer en dernières places du classement des personnes ressources sollicitées par les aidants. Ce sont pourtant les services les plus à même de centraliser l’information sur l’offre à destination des aidants. La connexion entre ces différents maillons constitue ainsi l’un des facteurs clés de succès de la bonne prise en charge des proches aidants sur un territoire.
Ces plateformes d’accompagnement et de répit ont été créées pour les aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, leur soutien s’étend à l’ensemble des aidants de personnes âgées en perte d’autonomie. Il existe aujourd’hui plus d’une centaine de plateformes sur le territoire français.
Au-delà de l’information aux aidants, ces plateformes permettent aux aidants de mettre en place le « droit au répit » qui peut se définir comme « la prise en charge temporaire physique, émotionnelle et sociale d’une personne en perte d’autonomie dans le but de permettre un soulagement de son aidant principal et ainsi d’éviter un épuisement qui compromettrait aussi bien sa santé que le maintien à domicile de la personne malade. »
Ces plateformes permettent aux aidants d’accéder à diverses formes d’expression de leur droit au répit comme l’accueil de jour, le répit à domicile, des ateliers de réhabilitation, des rencontres d’aidants, des activités sociales et culturelles.
Elles ont été mises en place pour répondre aux objectifs principaux :
Ces 4 points permettent de prévenir les risques d’épuisement des aidants, et de diminuer leur stress et leur anxiété. Si les aidants sont essentiels dans la prise en charge des personnes en perte d’autonomie, il est également important de prendre soin des aidants pour leur permettre de continuer d’assurer leur rôle.
L’accès à ces plateformes pour l’information et les conseils de professionnels est totalement gratuit. Cependant, une contribution financière peut être demandée sur certaines prestations comme la venue d’une aide à domicile pour permettre de libérer du temps à l’aidant et exercer son droit au répit.
Le développement des dispositifs d’appui aux proches aidants s’accompagne d’une adaptation de modes d’hébergement existants mais également de la création de nouvelles structures.
Pour les aidants, le développement d’une offre dédiée pourrait leur permettre de mieux actionner leur « droit au répit » et d’être identifiés plus facilement par les professionnels de santé. Plus largement, repenser les établissements sur un mode plus ouvert, en favorisant notamment l’hébergement des familles dans des ailes dédiés, pourrait renforcer la proximité de ces dernières avec les résidents.
Parmi l’adaptation des modes d’hébergement existant, le développement de l’accueil de jour au sein des structures médico-sociales est facilité par l’attribution d’aides financières aux aidants entrant dans le cadre du droit au répit.
Initialement, l’accueil de jour s’adresse principalement aux personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou maladies neurodégénératives type Parkinson. La tendance va vers une prise en charge plus large à toute personne âgée en perte d’autonomie physique.
L’accueil de jour permet aux personnes âgées de bénéficier d’un suivi régulier et d’un accompagnement adapté, d’entretenir leurs capacités grâce aux activités adaptées proposées lors de l’accueil de jour, de renouer des liens et de sortir de chez elles.
Pour les proches aidants, l’accueil de jour permet de libérer du temps durant la journée mais aussi d’échanger avec les professionnels de l’accueil et d’autres familles vivant la même situation.
A l’image des villages Répit familles, de nouvelles offres spécifiquement dédiées aux aidants ont vu le jour. Non soumis à autorisation comme les établissements médico-sociaux, ces nouveaux modes d’hébergement temporaire pourraient permettre aux gestionnaires d’établissement d’élargir encore davantage leur palette d’intervention en couvrant le patient, ses proches aidants et sa famille.