Benchmark des Plateformes de Gestion de la…
Dans le secteur de la distribution, les stocks sont une préoccupation constante. Trop peu de stock, et c’est la rupture, avec à la clé une perte de chiffre d’affaires et une forte insatisfaction client ; trop de stock est synonyme de surcharge financière et de perte d’efficacité opérationnelle.
Par ailleurs, les animations commerciales, le renouvellement incessant des gammes en font une source de complexité et donc de dysfonctionnements réguliers.
Parmi les dispositifs mis en place pour améliorer la maîtrise des stocks, les stocks avancés aussi appelés stocks de consignation constituent une solution séduisante pour le distributeur. Basiquement, il s’agit de différer le transfert de propriété et donc le paiement de la marchandise.
Après avoir passé en revue les différents modes d’application des stocks avancés, nous vous proposerons de trouver le bon équilibre entre fournisseur et distributeur puis de faire un point sur les aspects règlementaires et la contractualisation d’un tel dispositif.
Le principe du stock avancé consiste en une décorrélation du transfert de propriété par rapport au transfert de responsabilité. Ainsi, lorsque la marchandise est livrée à l’entrepôt du distributeur, le processus de facturation n’est pas déclenché et le fournisseur reste propriétaire de la marchandise. La facturation est ensuite déclenchée au moment de la sortie du périmètre en stocks avancés :
Il s’agit ensuite de définir contractuellement les règles de gestion nécessaires au bon fonctionnement du dispositif : valorisation des marchandises, gestion des écarts de stock, sinistres, délais de paiement…
Si le principe de fonctionnement des stocks avancés parait simple, il recèle en pratique de nombreuses variantes et spécificités. En effet, les stocks dont il est question peuvent être situés dans les magasins du distributeur, sur des plateformes logistiques, sur des sites de consolidation ; et le pilotage de ces stocks ainsi que la répartition des charges d’exploitation et de gestion entre le fournisseur et le distributeur peuvent être variables et complexes.
Dans tous les cas, un avantage apparaît comme indéniable dans la mise en place de stocks avancés : la réduction du BFR pour le distributeur. En effet, en faisant porter par son fournisseur un stock qui auparavant lui appartenait, le distributeur supprime mécaniquement l’immobilisation financière correspondante.
La problématique de financement du stock repose alors sur le fournisseur dont le BFR augmente, en particulier lorsque les délais de paiement ne commencent à courir que lorsque la marchandise est effectivement vendue au client final.
Au-delà des avantages évidents pour le distributeur, le fournisseur peut également trouver des avantages au fonctionnement en stocks avancés.
Le fournisseur dispose d’une meilleure vision de l’écoulement de ses marchandises jusqu’au point de vente (dans le cas de stocks avancés magasins). Il bénéficie alors d’une visibilité précieuse sur le comportement de ventes de ses produits (élasticité prix, effet nouveauté, saisonnalité, fin de vie) en vue de piloter ses opérations au plus juste. La maîtrise de la chaîne d’approvisionnement est alors grandement améliorée et permet de limiter les surstocks, destructions, retours, dépréciation...
Bien souvent, le stock avancé est couplé à un mode de gestion ou un service complémentaire.
Ainsi, Casino propose à ses fournisseurs de marque de distributeur un service de gestion logistique en vue de réduire les ruptures de charges dans une optique de supply chain étendue. Le fournisseur ne stocke plus dans ses entrepôts mais dans l’entrepôt de Casino. L’achat est déclenché par l’expédition aux magasins et Casino refacture une prestation logistique à un prix compétitif obtenu grâce à la massification.
De même, Fnac propose à ses fournisseurs en contrepartie du stock avancé une gestion partagée des approvisionnements. Le fournisseur dispose alors d’une maitrise de bout en bout de la chaine de distribution et peut décider de la répartition des stocks entre magasins.
Dans le cas de produits en fin de vie ou dont le potentiel de vente est risqué, le stock avancé peut participer à la décision de commercialiser ou non la marchandise. On peut notamment citer les ventes privées (tels que Vente-privée.com ou ShowroomPrivé.com) qui constituent, à leur façon, un stock avancé. En effet, le distributeur vend la marchandise sur son site puis, à la fin de la période de vente commande au fournisseur et expédie les produits en fonction des quantités réellement vendues.
Bien entendu, tous les produits ne présentent pas le même intérêt. Plus l’écart entre le prix de revient du fournisseur et le prix d’achat du distributeur est important, plus l’intérêt du stock avancé est fort. En effet, cet écart amplifie le levier du BFR.
Sur des produits dont les ventes sont sur le déclin, ce levier permet au fournisseur de pousser plus de stocks en magasin et, potentiellement, d’en maintenir les ventes un peu plus longtemps. La Fnac a donc utilisé le levier du stock avancé sur les CD et DVD pour 2 raisons principales :
Bien entendu, les délais de paiement et rotations de stocks doivent également être considérés. Un produit dont la couverture est inférieure au délai de paiement ne présente pas d’opportunité pour le BFR du distributeur. L’optimal est bien entendu obtenu sur un mix de produit qui convienne aux 2 partis pour une relation équilibrée.
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer un « contournement de la LME » et qualifier ce nouveau mode de fonctionnement comme une « pratique abusive » car s’affranchissant du plafonnement des délais de paiements.
On pourrait ainsi imaginer que dans le cas de produits dont la rotation serait inférieure au délai de paiement, la facturation ne pourrait intervenir qu’au-delà du délai fixé par la loi.
Pourtant, les entreprises sont aujourd’hui plus contrôlées et donc amenées à respecter les délais fixés par la loi. Le commissaire au compte doit en effet fournir une attestation sur les délais de paiement des entreprises auditées et en cas d’abus, la DGCCRF peut être amenée à les sanctionner.
Aujourd’hui, la vente en consignation n’est pas interdite par la loi mais il revient aux deux parties (fournisseur et distributeur) de se concerter sur les modalités du contrat qui les lie dans le cadre du stock de consignation.
La répartition des coûts mais également, et surtout, des responsabilités doivent être précisément contractualisées. La législation ne prévoyant pas de cadre juridique précis, il existe autant de contrats que de relations fournisseur/distributeur.
Il est ainsi nécessaire de préciser les modalités de livraison, de stockage ou de gestion des flux. Le contrat précise également les conditions de stockage et les objectifs en taux de service. En outre, il encadre les modalités de mise en œuvre, en vue de limiter les ruptures en entrepôt ou en linéaire et mentionne par exemple : la remise pour enlèvement qui rémunère la participation du distributeur aux frais de transport.
Des clauses contractuelles spécifiques peuvent être ajoutées pour gérer l’impact du décalage de transfert de propriété, notamment pour les clauses d’assurance et la gestion des invendus. En effet, sauf clause contractuelle spécifique, c’est le fabricant qui devrait assumer les pertes de marchandises.
Une relation distributeur - fournisseur sereine et stable est évidemment un atout non négligeable permettant la mise en place d’outils partagés et la prise de décisions en commun par exemple pour la gestion des promotions (gestion des NIP), la prise en charge des aléas.
Dans un paysage économique de moins en moins porteur et prédictible pour les fournisseurs et les distributeurs, repenser et optimiser sa supply chain apparait comme incontournable pour opérer une diminution des coûts et assurer une offre client satisfaisante.
Le principe des stocks avancés présente à la fois des avantages pour le fournisseur comme pour le distributeur. Le partenariat établi entre les deux parties doit permettre de garantir au premier une meilleure connaissance de la logistique aval et au deuxième une sécurité d’approvisionnement et une diminution de ses coûts.
Enfin, le choix des références à sélectionner en priorité pour une telle optimisation des flux logistiques est important. La valorisation du coût du stock, la rotation des références et les délais de paiement doivent rentrer dans un calcul d’optimisation pour le fournisseur et le distributeur. Et cela, d’autant plus que l’établissement d’un contrat équitable pose les bases d’une relation pérenne et profitable pour les deux parties.