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Diplômée de l’Ecole de Management de Normandie et titulaire d’une licence en Sciences Economiques, Valérie Le Boulanger débute sa carrière dans la banque et y restera une trentaine d’années.
Elle intègre d’abord le Crédit du Nord pour prendre en charge des missions directement liées aux activités bancaires : gestion des risques, opérations d’ingénierie financière, stratégie bancaire sur le marché entreprise, politique commerciale. Elle entre dans le monde des ressources humaines en 1998 en devenant responsable de la Direction de la formation. Ce tournant est une révélation ; elle ne quittera plus cette fonction centrée sur l’humain. En 2004, elle devient Directrice des Ressources Humaines à la Direction des Relations Entreprises, puis Directrice des Relations Sociales du Groupe Crédit du Nord, poste qu’elle tiendra également par la suite à la Caisse d’Epargne Ile-de France puis pour le Groupe BPCE.
C’est en août 2016 qu’elle intègre Orange comme Directrice des Relations Sociales. Elle prend en charge, pour le Groupe, la négociation collective l’animation du dialogue social en France et à l’International, et le conseil en stratégie sociale sur les projets transverses au sein du Groupe.
En 2018, elle est nommée Directrice Exécutive des Ressources Humaines du Groupe pour les 150000 salariés présents dans 27 pays, fonction qu’elle a occupé jusqu’en septembre 2020.
Si quelqu'un vous décrivait comme une femme ambitieuse, qu'est-ce que cela signifierait pour vous ? Pensez-vous que l'ambition se manifeste différemment chez les femmes et chez les hommes ? De quelle façon ?
Je ne pense pas que spontanément, ce qualificatif serait celui qui me serait adressé. Mon parcours professionnel a été jalonné par trois grandes valeurs : le travail, l’empathie et la bienveillance. Je n’ai jamais cherché, par ambition, à briguer telle ou telle fonction. En revanche, je pense que mes résultats, mais surtout ma posture relationnelle, mon sens de l’autre, du travail en équipe, ont été appréciés et ainsi reconnus. Pour autant, l’ambition, dès lors qu’elle n’est pas « dévorante » ou toxique, peut être un moteur. L’ambition, c’est faire la différence, avoir des priorités, un cap et s’y tenir. Les priorités d’une femme s’expriment certainement sur un champ plus large que chez les hommes, avec une recherche d’équilibre entre réussite personnelle et professionnelle. J’ai personnellement la conviction que personne n’arrive au sommet seul …
Comment avez-vous vu l'égalité des sexes évoluer tout au long de votre carrière ? Avez-vous été témoin d'un changement significatif ?
Bien sûr, cette préoccupation a clairement évolué avec une réelle prise de conscience à tout niveau : politique, législatif, sociétal etc… Des mesures très concrètes ont été prises : l’obligation de négocier sur ce thème en entreprise, qui a amené de réelles avancées, de nouvelles dispositions législatives – dont par exemple l’obligation d’examiner la rémunération au retour du congé maternité, ou bien encore l’instauration de quotas dans les conseils d’administration avec la loi Copé Zimmermann. Plus récemment, la mise en place de l’index égalité femmes hommes témoigne là encore de cette évolution. Mais plus largement, ce sont les mentalités et les regards portés sur cette question de l’égalité femmes hommes qui ont aussi sensiblement évolué dans les nombreux domaines jalonnant tout parcours professionnel en entreprise.
Quels sont les défis auxquels les entreprises sont confrontées en matière d'égalité des sexes ? Comment peuvent-elles avoir un impact concret sur cette issue ?
Ces défis sont multiples et touchent tous les domaines : recrutement, mobilité, rémunération, accès aux postes à responsabilité avec le fameux plafond de verre, mais aussi accès à certains métiers pour lesquels, dès l’école, les filières sont plus genrées… donc difficile de « corriger le tir » (métiers techniques, de l’informatique à titre d’exemple). De nombreuses initiatives sont prises dans les entreprises aujourd’hui pour renforcer globalement la mixité dans toutes les fonctions et éviter toute discrimination : rédaction non genrée des offres d’emploi, short list avec un candidat de chaque sexe, budget dédiés pour traiter les écarts de rémunération femmes hommes à poste et responsabilité équivalents, actions de sensibilisation sur ce thème pour les managers … Citons aussi plus spécifiquement les progrès réalisés quant aux mesures mises en œuvre pour renforcer l’accompagnement des salariées lors de leur congé maternité, maintenir le lien avec l’entreprise et faciliter la reprise de poste, même si tout n’est pas encore parfait en la matière !
Pensez-vous que le plafond de verre existe ? Comment les femmes peuvent-elles le franchir ?
Le plafond de verre existe encore, et la féminisation des instances dirigeantes ou des postes à responsabilité dans les entreprises, même si elle progresse, est encore loin d’atteindre la mixité dans de nombreux secteurs ! Les raisons sont assurément multiples mais je pense qu’il y a une prise de conscience réelle qui amène la plupart des entreprises à mettre en place de nombreuses initiatives pour identifier les femmes à potentiel, les accompagner pour leur permettre d’accéder à des postes à responsabilité : sessions de formations dédiées (leadership, confiance en soi, ...), actions de mentoring, mise en place de politique de talent management et de détection de potentiels avec un regard attentif sur ce sujet, développement de réseaux très actifs permettant d’échanger, de se mettre en visibilité, sont autant d’initiatives qui peuvent aujourd’hui aider les femmes à avancer dans leur parcours et à franchir ce plafond de verre.
Comment les entreprises peuvent-elles attirer des talents féminins ? Que pensez-vous de la discrimination positive ?
Au-delà des politiques affichées par les entreprises en la matière, des valeurs et de leur ADN sur le thème de l’égalité femmes hommes, je crois beaucoup en la vertu de l’exemple, du témoignage, des rencontres qui permettent effectivement de montrer que oui, c’est possible ! Je ne suis pas très à l’aise avec ce terme de « discrimination positive » ; n’oublions pas que le sujet est d’abord et avant tout celui de la compétence souhaitée et requise, de la posture, du leadership, de la capacité à s’intégrer et à avancer au sein d’un collectif… Pour autant, je crois à titre d’exemple, que veiller à ce que dans tout process de recrutement, ou de mobilité, on puisse avoir, en short list, un candidat homme et une candidate femme à compétences équivalentes, est une discipline probablement pertinente.
Que faut-il pour être une femme leader ? Pensez-vous que l'augmentation du nombre de femmes aux postes de leaders est/serait un bon indicateur d'une égalité plus importante ?
Au-delà bien évidemment de disposer des connaissances et compétences requises, notamment en terme de leadership et de posture managériale, il faut certainement travailler plus spécifiquement sa mise en visibilité, sa capacité à communiquer sur son action, ses résultats, ses convictions, se constituer un réseau diversifié de relais et d’appuis en interne, au sein de l’entreprise, mais aussi en externe. Bref, travailler aussi son image !
La féminisation des postes d’encadrement est un indicateur qui est aujourd’hui regardé et analysé dans la plupart des entreprises, en mettant en place des actions pour le faire progresser et franchir notamment ce fameux « plafond de verre ».
Leadership au féminin : quels conseils donneriez-vous aux femmes ?
Soyez vous-mêmes, ne cherchez pas à être quelqu’un d’autre ni à imiter les hommes. Je pense que cette authenticité favorise incontestablement l’engagement serein dans son activité professionnelle … mais aussi dans sa sphère personnelle. Ne cherchons pas à faire du féminisme à tout prix, tout excès a ses limites. Je pense que chacun, en fonction de son profil, son environnement, son éducation, son tempérament, ses compétences peut apporter sa contribution dans un projet collectif.
Plus généralement, quels sont les défis à relever en matière d'égalité des sexes ?
Probablement celui du plafond de verre, pour favoriser la représentativité féminine dans l’encadrement des entreprises, jusqu’aux plus hauts niveaux de responsabilité et de gouvernance. Cela passe aussi sûrement par la capacité à mieux accompagner la salariée durant ses absences liées a la maternité, et faciliter ses conditions de reprises.