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Crédit Agricole : Le réseau le plus rentable de France

Sia Partners vous propose une analyse des résultats financiers 2017 des principales banques de détail françaises sur le périmètre France. Les informations et analyses contenues dans l’article sont faites au moment de sa publication et sont susceptibles de changer.

Le panel constituant l’étude regroupe 6 banques de détail françaises : Crédit Agricole (CA), BNP Paribas (BNP), Le Crédit Lyonnais (LCL), Caisse d’Epargne (CE), Banque Populaire (BP), Société Générale (SG).

FAITS MARQUANTS

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Le PNB du panel diminue de 1,7%, par rapport à l’exercice précédent, même si la baisse constatée est moins importante que l’année dernière (-2,4%). Le Crédit Agricole reste largement en tête, suivi par Société Générale puis Caisse d’Epargne.

L’augmentation des frais généraux du panel reste contenue par rapport aux exercices précédents (+2,53%), souvent engendrée par le lancement d’importants programmes d’investissements. Du côté de Société Générale, on estime que c’est le contrôle strict des coûts de la banque de détail France qui a permis de maintenir un résultat correct. Société Générale annonce en effet une hausse des coûts limitée à +2,5%, hors éléments exceptionnels (adaptation du réseau notamment). Le coefficient d’exploitation se dégrade malgré tout en passant de 66,5% à 69,4%.

 

Le Résultat brut d’exploitation du panel diminue de -10,18% par rapport à l’exercice précédent. Cette baisse est accentuée par Société Générale qui voit son résultat brut d’exploitation diminué de près de 30%. LCL sort son épingle du jeu en étant la seule banque à afficher un résultat brut d’exploitation en progression (+9,36%).

La rentabilité nette avant impôts du panel continue sa diminution pour atteindre 25,6%, en baisse de 2,1 points par rapport à l’année précédente. Parmi les acteurs, le groupe Crédit Agricole demeure en tête du podium, malgré une année 2017 compliquée, avec un Résultat Avant Impôts à 34,11% du PNB, possédant une forte avance sur Caisse d’Epargne, qui conserve cette année encore sa deuxième place.

DECOMPOSITION DU PNB & DYNAMIQUE DE RENTABILITE

Même si la baisse du PNB du réseau français ralentit, elle reste non négligeable (-1,7%). Cette baisse s’explique en grande partie par le contexte de taux d’intérêt toujours exceptionnellement bas qui impacte toutes les banques de détail françaises depuis des années et que les banques ne parviennent que partiellement à compenser par la progression de l’activité. Chez BPCE, on parle de résultats résilients de la banque de proximité, notamment portés par les activités de paiements.

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Seul LCL parvient à afficher une croissance de son PNB, notamment portée par une activité soutenue sur le segment des professionnels et entreprises, se traduisant par une progression des encours de +9,1% et +13,4% respectivement sur un an.

Les banques misent néanmoins sur un rebond de l’activité dans les prochaines années en raison notamment de la reprise de l’activité économique en France. Chez BNP Paribas, les encours de crédit redémarrent avec une augmentation de 8,0 % par rapport au niveau faible de 2016, avec une croissance soutenue des crédits aux particuliers et aux entreprises. Chez BPCE, les encours crédits (+5,1%) et les encours d’épargne (+4,4%) sont également en hausse.

Le Crédit Agricole revendique pour sa part près de 100 000 clients particuliers supplémentaires en 2017.

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Les différentes banques du panel rencontrent des évolutions légèrement disparates, reflétant leurs différents états d’avancement sur les plans d’économies et de transformation.

Dans la plupart des banques, la marge nette continue de baisser. Les banques sont à la recherche de moyens pour compenser la baisse des taux d’intérêt et plusieurs d’entre elles privilégient la hausse des commissions, le développement de leurs relais de croissance et des activités génératrices de commissions. Chez LCL, les commissions accélèrent depuis le début du second semestre et affichent une hausse de +7,1% par rapport à 2016, grâce à l’ensemble des postes.

Le coefficient d’exploitation croît pour atteindre 69,4% pour le panel en raison d’une augmentation des frais généraux supérieure à celle du PNB. Cette hausse des frais généraux peut paraître étonnante au vue de la baisse du PNB et des nombreuses annonces de pression sur les effectifs des réseaux.

ENSEIGNEMENT DE L’ETUDE ET ENJEUX POUR LES BANQUES

Les banques de détail en France continuent d’évoluer dans un contexte difficile qui complique leurs activités : des taux bas et des obligations règlementaires croissantes.

Les principaux enjeux restent stables depuis quelques années : la digitalisation de l’offre et des processus ainsi que la réorganisation de la structure. Ces deux notions apparaissent d’ailleurs plus que jamais liées car il est primordial de revoir en profondeur l’organisation de la structure et la manière de travailler pour rendre la banque plus agile et capable de réussir sa digitalisation.

Une transformation plus que jamais nécessaire

Des programmes de réorganisation sont en place dans chacune des grandes banques de détail françaises afin d’adapter leur structure aux évolutions rencontrées.

Les modèles de distribution sont obligés d’évoluer pour prendre en compte les changements de comportement des clients. La banque de détail de BNP Paribas a par exemple démarré la simplification de l’organisation de son réseau, avec un passage progressif de quatre à trois niveaux de pilotage des agences en 2018. L’objectif est de minimiser les coûts, optimiser et accélérer les circuits de décision, et améliorer l’expérience et la satisfaction client.

Les banques sont également en train de repenser en profondeur leur animation commerciale pour répondre aux nouvelles attentes et besoins de leurs clients. Le métier de conseiller doit évoluer pour s’adapter aux mutations. Auparavant généralistes, les conseillers se spécialisent sur certains sujets pour devenir de véritables experts et répondre aux besoins d’accompagnement et de conseil des clients. De nombreux actes peuvent désormais se faire en ligne et le conseiller n’évolue plus toujours au centre du processus de vente. Les programmes de motivation des équipes doivent donc être repensés pour répondre aux nouveaux enjeux du métier de conseiller.   

Le défi de la digitalisation

Avec la digitalisation, la relation client est en pleine mutation. La Directive sur les Services de Paiements 2 (DSP2) de l’Union Européenne vient accélérer ce processus en obligeant les banques de détail à ouvrir l’accès aux données de leurs clients à des prestataires tiers. Les banques de détail voient donc apparaitre de nouveaux concurrents : les fintechs, les néo banques et même les géants du web.

Dès lors, deux stratégies opposées semblent s’offrir aux banques :

Accélérer et optimiser la digitalisation de leurs offres et les parcours client pour conserver le monopole de la relation client et la maitrise de la chaîne de valeur, et éviter de les perdre au profit de nouveaux acteurs. Les investissements sont donc conséquents pour parvenir à lutter face à ces acteurs spécialistes en termes d’expérience utilisateurs. La plupart des grandes banques de détail françaises semblent aujourd’hui suivre cette stratégie en investissant dans d’importants programmes de digitalisation. Dans son plan 2020, le Crédit Agricole mise beaucoup sur le digital en plaçant l’innovation au cœur de sa stratégie (startup studio, initiatives autour de l’intelligence artificielle et de la blockchain, lancement de deux Fonds Innovation, etc.). On retrouve les mêmes initiatives internes chez Société Générale (expérimentation blockchain, programme d’intrapreneuriat, fonds d’innovation).

Se consacrer à un rôle de producteur de services bancaires en laissant à d’autres acteurs le rôle de distributeurs de ces services sur des plateformes digitales. Des premières initiatives dans ce sens sont apparues ces dernières années en France et à l’étranger. La banque américaine JP Morgan et le géant du e-commerce Amazon sont entrain de nouer un partenariat pour permettre à Amazon de proposer une offre de services bancaires clé en main à ses clients. Amazon utiliserait l’infrastructure bancaire de JP Morgan en marque blanche, de manière transparente, pour les clients qui n’auront aucun lien direct avec la banque. En France, le Crédit Mutuel Arkéa a très récemment lancé une nouvelle offre, baptisée « Nextalk », qui propose aux autres banques et assurances de sous-traiter leurs activités de service client. Même s’il ne s’agit pas de services purement bancaires, cette initiative illustre cette stratégie de services BtoB suivie par certaines banques. C’est également le cas du CM-CIC qui propose depuis quelques années déjà des services de monétiques en marque blanche.

Les prochaines années sont donc pleines de défis pour les banques de détail qui possèdent toutes les cartes en main pour réussir à les relever. Il est intéressant d’observer que parmi les différentes institutions, les banques sont celles envers lesquelles les consommateurs ont le plus confiance. Elles disposent d’une relation privilégiée et de proximité avec leurs clients. Il est donc nécessaire qu’elles arrivent à mettre en place leurs plans de transformation pour devenir plus agiles et adaptées aux nouveaux besoins aussi bien en termes d’offre que de parcours client.

Ces nombreuses opportunités devraient permettre aux banques de détail françaises de relancer la croissance de leur PNB et de rapidement parvenir à gagner en rentabilité dans les prochaines années.

Cette étude a été réalisée au sein du pôle Services Financiers de Sia Partners, qui réunit 300 consultants spécialisés dans les métiers de la Banque et de l'Assurance.

Le panel constituant l’étude regroupe 6 banques de détail françaises (Crédit Agricole, BNPP, LCL, Caisse d’Epargne, Banque Populaire, Société Générale).

Les données financières de ces 6 banques de détail françaises sont issues de leurs rapports annuels à date de première publication. Le périmètre retenu est celui de la banque de détail en France. Néanmoins, les périmètres peuvent varier d’une institution à l’autre.

Les références à des acteurs du marché sont réalisées dans un but purement illustratif et non exhaustif ; elles sont basées sur des sources publiques et restituées dans un souci d’objectivité et d’impartialité.

Les analyses contenues dans l’étude reflètent la position de Sia Partners au moment de sa publication et sont susceptibles de changer. Elles sont uniquement délivrées dans un but informatif.