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Défense nationale : le point sur les programmes des candidats

La défense nationale, un sujet rarement abordé par les candidats à l’élection présidentielle mais qui suscite des divergences

Dans une campagne où les candidats ont peu l'occasion de développer leurs programmes compte tenu de la diversité des enjeux, une thématique en particulier est rarement abordée : la défense nationale.

Les deux débats organisés entre les candidats ont néanmoins permis de faire apparaître des points de relatifs consensus et des divergences, confirmées par une étude approfondie des différents programmes.

L’augmentation du budget de la défense sur le prochain quinquennat figure dans le programme de quatre des cinq principaux candidats. Les dépenses qui s’établissent aujourd’hui à 1,77% du PIB seraient ainsi portées à 2% du PIB si le programme d’Emmanuel Macron, Benoît Hamon ou François Fillon était appliqué. Le programme de Marine Le Pen propose même d’effectuer ce bond dès la première année du quinquennat, là où celui de M. Fillon l’inscrit dans l’objectif plus lointain de l’année terminale de la loi de programmation militaire 2017-2023. La candidate du Front National augmenterait ensuite graduellement les dépenses jusqu’à atteindre 3% du PIB à la fin du quinquennat. De plus, le seuil des 2% serait inscrit comme un minimum dans le texte de la Constitution. Seul Jean-Luc Mélenchon prévoit de maintenir le niveau actuel du budget consacré à la défense.

Ces augmentations du budget consacré à La Défense serviraient notamment au renouvellement des équipements de l’armée française. Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan proposent ainsi la construction d’un second porte-avions. Emmanuel Macron propose lui le renouvellement des avions ravitailleurs, des blindés de l’armée de terre et de la flotte de surface de la marine nationale.

En ce qui concerne le domaine du renseignement, les candidats, exposent des opinions divergentes sur la question. Par exemple, seuls François Fillon et Jean-Luc Mélenchon évoquent la nécessité d’un renforcement du renseignement territorial. Ils sont en revanche nombreux à vouloir réformer l’organisation du renseignement selon des modalités différentes en fonction des candidats. Benoît Hamon souhaite par exemple mettre en place un coordinateur national rattaché au premier ministre et disposant d’un pouvoir de direction afin de faciliter le dialogue entre les différents services. De plus, il propose de mutualiser au niveau européen les moyens de renseignement en mettant en place des taskforces multilatérales afin d’aboutir à une Agence de renseignement européenne.

Le thème du service militaire a fait un retour inattendu au cours de cette campagne, créant à l’occasion de nouveaux clivages. Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s’y déclarent favorables même si leurs conceptions divergent en durée (un mois, pour Emmanuel Macron, au moins trois mois pour Marine Le Pen, et neuf mois pour Jean-Luc Mélenchon) et en ambition (création de lien, développement du sentiment patriotique ou réalisation de tâches d’intérêt général). Benoît Hamon et François Fillon s’y opposent en revanche, privilégiant pour atteindre les mêmes buts le renforcement du service civique sur la base du volontariat, pour le premier, et celui de la réserve opérationnelle pour le second.

Alors que l’ensemble des sujets précédents sont abordés par tous, la situation sociale des militaires est rarement évoquée. Benoît Hamon est le candidat qui y consacre le plus de mesures, insistant sur l’attention à porter aux soldats revenant des théâtres d’opération ainsi qu’aux carrières des militaires, dont la reconversion doit être encouragée. Sur le plan financier, les engagements portent davantage sur l’effectivité de la paye dans l’après Louvois (comme évoqué par Nicolas Dupont-Aignan) que sur la revalorisation de celle-ci. L’armée ne semble ainsi pas envisagée comme un électorat à conquérir avec des arguments sociaux.

C’est sur le plan stratégique que les divergences les plus importantes apparaissent. Dans les rapports qu’ils envisagent de tisser avec l’OTAN, l’Europe de la Défense ou les partenaires extérieurs, les candidats ont exprimé des visions parfois radicalement opposées. Le retrait du commandement intégré de l’OTAN rassemble ainsi Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, dans une logique anti-interventionniste à laquelle Jean-Luc Mélenchon n’admet pour exception que les opérations de maintien de la paix sous égide de l’ONU. S’ils envisagent d’associer l’effort de défense à celui d’autres pays européens, François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon se distinguent par le degré d’intégration qu’ils proposent. Le premier voit ainsi dans les partenaires européens un recours pour partager le fardeau financier des opérations extérieures, quand Emmanuel Macron imagine l’axe franco-allemand en fer de lance d’un Fonds européen de défense finançant des équipements militaires communs. Benoît Hamon propose lui d’aller plus loin dans la création de brigades binationales.

Enfin, d’autres sujets relatifs à la défense sont abordés par les candidats, tels que l’intégration dans le monde civil du personnel militaire en fin de contrat ou encore l’autonomie du service de santé des armées. En revanche, ces sujets sont trop peu développés pour constituer de véritables propositions.