La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Comment le MaaS s’inscrit dans l’offre de mobilité actuelle, pour simplifier vos trajets ?
La demande des usagers des systèmes de transport a évolué ces dernières années.
Les voyageurs ont des attentes plus fortes en termes de simplicité d’accès aux services et de personnalisation [1]. Aussi, des mutations sociétales entraînent un changement du rapport au transport [2].
La prise de conscience écologique et les dispositifs déployés par les pouvoirs publics pour favoriser les modes doux enclenchent un report modal vers les transports en commun, les modes partagés, les vélos ou la micro-mobilité dans les grandes agglomérations. Citons par exemple la fermeture des voies sur berge à Paris au profit des piétons.
L’ajout d’une couche digitale à l’écosystème urbain a des impacts. Les populations sont plus connectées, et les nouvelles technologies favorisent l’entrée de nouveaux acteurs innovants à l’image de solutions comme Waze ou Citymapper. Aussi de nouveaux modes d’exploitation se développent. Le déverrouillage de véhicules partagés avec son smartphone en est un exemple.
Aussi, en France, l’urbanisation de la population rend la propriété d’un véhicule moins incontournable. Historiquement associé à la possession d’un véhicule, la mobilité se traduit aujourd’hui, dans les grandes villes, par une logique d’usage, de partage et d’accès à un service pour se déplacer [3].
Le MaaS (Mobility as a Service) s’inscrit dans ce changement de paradigme.
Vos trajets journaliers mettent en jeu une gymnastique complexe pour optimiser différents paramètres afin de parvenir à un choix parmi les options de mobilité disponibles. (voir Figure ci-dessous)
Chacun des paramètres de la figure 1 joue un rôle dans le choix final propre à chaque usager [5], [6]. Voici quelques innovations ou changements récents qui impactent trois d’entre eux : modes de transport disponibles, expérience utilisateur et typologie de voyageur(s).
Les modes de transport disponibles sont de plus en plus nombreux. Ce sont bien de nouvelles solutions qui s’ajoutent aux modes historiques et se consolident [7].
Le transport à la demande offre une flexibilité accrue pour une meilleure adéquation entre l’offre et la demande. Ce mode répond aux spécificités des zones peu denses, peu ou mal desservies. Il permet en effet d’adapter les parcours et les horaires à la demande réelle. Un exemple récent est l’annonce par Valérie Pécresse en février de l’arrivée de Flexigo, un service complémentaire de Île-de-France Mobilités. Il sera assuré à l’aide de minibus.
La micro-mobilité (trottinettes électriques, segways, giropodes etc…) possédée ou en free floating est pertinente sur des trajets courts. Elle concurrence donc des modes, tels que le vélo ou le VTC. Aussi, l’utilisation en free floating ou la possibilité de transporter ces moyens de locomotion à bord de modes plus lourds comme les trains, permet des combinaisons multimodales nouvelles pour les trajets. 230 000 trottinettes électriques ont été vendues en 2018 en France [8]. Bird et Lime, exploitants de flottes de trottinettes électriques en free-floating, n’ont mis qu’un an à atteindre les 10 millions de trajets réalisés dans le monde [9].
Les solutions de partage de véhicule particulier (autopartage, covoiturage) créent également de nouvelles dynamiques de déplacement. Elles sont une alternative à la possession d’un véhicule. Plusieurs solutions d’autopartage en trace directe ou en free floating se sont donc implantées dans plusieurs grandes villes. Free2Move et Moov’in.Paris ont les plus grandes flottes dans Paris avec respectivement 550 et 500 véhicules disponibles [10], [11].
Les taxis font désormais partie de la palette des solutions intégrées dans les offres de recherhe, réservation et de paiement, voire abonnement urbain, MaaS. Pour expérimenter, rendez-vous à Vienne (WienMobil) ou à Helsinki (Whim).
Plusieurs innovations technologiques ont des impacts directs sur l’expérience utilisateur et facilitent le parcours des usagers.
La dématérialisation des titres notamment permet une fuidification des étapes de validation :
Grace à la simpification du paiement, il est désormais possible de supprimer la notion même du billet ou de l’abonnement et d’imputer à l’usager un coût du transport personnalisé en fonction des déplacements réellement effectués :
Les usagers choisissent les itinéraires plus rapides, plus confortables et plus simples pour eux. Pour un vaste pan de la population, voire pour chacun, à un moment de sa vie, les installations prévues par les transporteurs entrent dans les critères de choix des usagers [12]. Les solutions MaaS cherchent à répondre de manière personnalisée au contexte de chacun. Pour en citer quelques cas d’usage réalisables :
L’usager a besoin de se faire guider dans son choix parmi pléthore de modes et d’enseignes
La quasi-majorité d’itinéraires porte-à-porte d’un usager est multimodale. Les trajets sont donc le plus souvent composées de sous-trajets. Chacun de ces sou-trajets a des paramètres propres qui influent le choix de l’utilisateur.
Le choix final n’est donc pas uniquement un arbitrage entre plusieurs itinéraires associés à un unique mode de transport chacun, mais bien à une combinaison de différents modes et de correspondances avec leurs caractéristiques propres.
Plusieurs nouveaux modes de transports apparaissent. En revanche, une caractéristique propre à ces modes, contrairement aux modes historiques plus lourds, est la pluralité des opérateurs pour un même mode. C’est en cela que la multimodalité ajoute une couche de complexité.
Prenons l’exemple d’un parisien qui a besoin de compléter son trajet de métro : il a le choix entre la trottinette électrique, le VTC, le vélo. Avec plusieurs prestataires : Lime, Jump (Uber), Bird, Bolt et bien d’autres pour les trottinettes électriques ; Uber ou Kapten pour les VTC ; Ofo, Mobike, Oribiky pour les vélos en free-floating. Cette multiplication d’options accroit le nombre de combinatoires possibles pour un même trajet.
Il est de plus en plus complexe de faire un choix objectif et informé entre les différentes options qui s’offrent à nous pour un même trajet. Face à l’ensemble de ces choix, des solutions MaaS (mobility as a service ou mobilité en tant que service) se développent et proposent d’accompagner l’usager dans son trajet de bout en bout. Ces solutions se distinguent, car elles sont orientées client pour lui proposer une expérience de mobilité fluide d’un point A à un point B, quels que soient les modes de transports choisis, le nombre de modes nécessaires et les opérateurs de ces modes.
Les solutions sont plus ou moins englobantes tant en termes d’étapes du parcours client, que des modes couverts [13], [14].
L’offre proposée aux usagers via ces solutions est une offre de mobilité globalisée et indépendante des opérateurs de transport et des modes. La complexité sous-jacente de l’écosystème de transport est lissée par l’intermédiaire du MaaS. Aussi, pour aller plus loin, certaines solutions MaaS proposent même des abonnements pour se déplacer sur tout le territoire, indépendamment de l’exploitant sélectionné, avec une facturation unique.
Les enjeux de telles solutions sont multiples. Ils sont nouveaux et s’ajoutent à ceux que traitent déjà les transporteurs [15].
Pour illustrer nos propos, nous décrivons le parcours de 3 usagers dans la métropole de Lyon dans l’hypothèse où une application MaaS, tous modes et toutes étapes du parcours confondus, serait accessible.
Ce cas est hypothétique, mais décrit le champ des possibles généré par une telle solution pour 3 profils d’usagers différents.
Les solutions MaaS se présentent comme de réels compagnons de voyage pour les usagers de transport. Elles accompagnent les clients tout au long des étapes de leur parcours, notamment, dans leurs choix. Face au florissement des solutions de mobilité, nouveaux acteurs et nouveaux modes, le MaaS est primordial pour assurer un parcours client fluide et clair. Ces solutions posent tout de même la question de leur coexistence avec les solutions propres aux différents opérateurs de transport.
[1] Le rôle de la « Mobility as a Service » en tant que service de gestion de mobilité. EPOMM, décembre 2017.
[2] G. AMAR. Du transport à la « vie mobile ». Un changement de paradigme. 2010.
[3] Y. LI & T. VOEGE. Mobility as a Service (MaaS): Challenges of Implementation and Policy Required. Journal Of Transportation Technologies, 2017.
[4] Enquête Nationale Transports et Déplacements, 2008
[13] MaaS in Action [en ligne]. MaaS ALLIANCE [consulté en juillet 2019].
[14] MaaS Overview [en ligne]. MaaS ALLIANCE [consulté en juillet 2019].
[15] Position adoptée le 11 Octobre 2018. UTP, 2018.