La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Afin de parvenir aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés par le paquet énergie climat de 2008, l'Europe se doit d'intégrer les énergies renouvelables à son marché électrique.
Le secteur des transports particulièrement énergivore reste quasiment exclusivement alimenté par des ressources fossiles fortement émettrices de CO2. La rationalisation de la consommation de ce secteur est un angle d'étude essentiel pour atteindre les objectifs Européens et permettre la viabilité du réseau électrique de demain.
En 2007, loin devant le gaz (23%) et l'électricité (21%) le pétrole représentait 42% de la consommation d'énergie finale de l'UE. Le secteur des transports consomme à lui seul 70% de cette ressource quasi exclusivement importée et représente 24% des émissions totales de CO2 en Europe derrière l'industrie de l'énergie (37%).
De plus, le transport routier représente à lui seul 95% des émissions de GES du secteur en France, dont 57% émis par les véhicules particuliers. Le comportement
des particuliers représente donc un levier considérable.
Il existe déjà des initiatives dans ce domaine comme le développement de l'autopartage ou du covoiturage. Le succès d'Autolib' ou de BlaBlaCar est la preuve que ces outils proposent une réelle alternative aux citoyens.
Né de l'application des nouvelles technologies au secteur du transport, le "smart transport" consiste essen-tiellement à réduire les temps et coûts de déplacement. Il peut aller beaucoup plus loin en proposant l'utilisation du moyen de déplacement le plus adapté à vos besoins, en favorisant les transports qui ont la meilleure efficacité environnementale (figure 1) et en prenant en compte la disponibilité du réseau routier ou électrique (figure 2).
Conseiller l'utilisation du vélo ou des transports en commun pour les trajets urbains lorsque le trafic est congestionné, indiquer les heures creuses de consommation pour recharger les batteries des voitures électriques au moment propice, permettre aux entreprises qui utilisent de façon importante le transport routier de rationaliser leurs déplacements et d'ainsi faire des économies, voilà quelques missions du smart transport.
Cette évolution du secteur se fait grâce au développement de l'information voyageur multimodale et l'invention d'applications Smartphones innovantes comme Waze [1].
De gros progrès peuvent être faits sur les déplacements pendulaires [2]. En effet, le taux d'occupation moyen d'une voiture en Europe étant de 1,1 passager, l'utilisation du covoiturage est une piste pertinente d'amélioration. L'incitation de ce mode de transport auprès des salariés en organisant une plate-forme de mise en relation ou en réservant des places de parking pour le covoiturage à un rôle important à jouer dans le changement des comportements. Avantageux économiquement pour le salarié qui économiserait environ 530€ par an [3], le bénéfice environnemental représenterait 1t de CO2 par personne et par an.
Le développement du véhicule électrique n'atteint pas les objectifs fixés par les industriels. En effet, au-delà du coût élevé de la technologie, les difficultés de charge des batteries et d'accès aux bornes de recharge restent un challenge pour la filière. Pourtant, le succès d'Autolib' démontre qu'il est possible de répondre aux attentes des usagers avec l'auto-partage à l'aide d'une gestion intelligente du parc.
Le système V2G (vehicle to grid) montre également qu'il est possible de concevoir une évolution du parc automobile, avec une part plus importante de voiture électrique, sans pour autant surcharger le réseau [4]. En effet, c'est la consommation de pointe qui pose le plus de problèmes au réseau électrique français avec une croissance de 3% par an alors que la consommation moyenne stagne (+0,6%). Une gestion intelligente de la charge permettrait donc d'intégrer aisément la motorisation électrique.
L'Europe s'est engagée à porter sa part d'énergie renouvelable dans la consommation énergétique de 8,5 % en 2006 à 20 % en 2020. Or l'intermittence de production de ces énergies pose de réels problèmes pour l'équilibre entre production et consommation du réseau électrique. Ne posant pas de problème de surproduction, l'introduction des véhicules électriques sur le réseau est en fait une solution à l'intégration des énergies renouvelables au réseau.
Nécessitant d'être rechargée la nuit (période de consommation faible), les batteries des voitures électriques peuvent fournir de l'énergie en fin de journée permettant ainsi de soutenir le réseau lors des pics de consommation (19-20h). L'Europe réduirait ainsi sa consommation de pétrole du fait de la diminution du parc automobile thermique et plus généralement sa consommation d'énergies fossiles (fioul, charbon, gaz) en effaçant les pics de consommation.
Le développement du smart transport entre donc dans toute une logique de sobriété et d'optimisation énergétique à laquelle le monde devra faire face et de laquelle l'Europe doit être leader. Le déplacement de tout un chacun y sera repensé dans un but d'optimisation. Pièce maitresse sur l'échiquier de la ville durable, le smart transport permettra la réduction des émissions de CO2 et une optimisation du mix énergétique.
L'Europe doit donc se lancer dans le développement tous azimuts du smart transport afin que nous soyons un exemple pour le monde. Nous pourrons alors en retirer des avantages compétitifs dans le domaine et un réel savoir faire à exporter.
Y. Lafon
PARCOURS
Yannick Lafon est étudiant à l'Ense3.
NOTES :
(1) Waze est une application de navigation communautaire, forte de 70 millions d'utilisateurs ayant pour but de déjouer le trafic, économiser du carburant et gagner du temps afin d'améliorer les déplacements quotidiens de chacun.
(2) Déplacements pour aller et revenir du lieu de travail.
(3) En se basant sur des véhicules à essence sur un prix de l'essence arbitraire de 1.5/L et en sachant que pour 1 L d'essence brulé, il y a 2.28 Kg de CO2 rejeté.
(4) M. Grabette, responsable R&D et innovation chez RTE signale que même en suivant un scénario optimiste de deux millions de véhicules électrifié à l'horizon 2020, la consommation électrique française ne devrait grimper que de 1 à 3 pourcents.
SOURCES OFFICIELLES :
Cet article de Yannick Lafon a obtenu le troisième prix au concours étudiant sur le thème du mix énergétique, organisé par Sia Partners, L'Expansion et RTE. Vous pourrez également retrouver les articles des dix lauréats du Concours sur la Chaine Energie de l'Expansion ainsi que le témoignage des lauréats du concours sur le blog de RTE : Au delà des lignes.
Génération Energies
Génération Energies, un concours étudiant créé par Sia Partners en partenariat avec RTE et la chaîne énergie de l'Expansion, ouvert à 18 Grandes Ecoles de Commerce et d'Ingénieurs et aux universités de 4 pays. Le thème de cette année invitait les étudiants à écrire des articles de type journalistique sur "Entre utopie et réalité : quel futur pour le mix énergétique européen ?". Pour sa sixième édition, le concours a de nouveau illustré l'importance pour les étudiants des enjeux liés à l'avenir du secteur de l'énergie. Après une remise des prix dans les locaux de l'Expansion en présence d'un jury prestigieux, les 10 meilleurs articles se sont partagés une somme de 6400 et seront publiés sur les blogs de Sia Partners et de l'Expansion.