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Québec & Covid-19 : Baisse de la consommation d’électricité

Face au défi sanitaire lié au Coronavirus – Covid 19, les états de différents pays prennent des dispositions chaque jour pour ralentir la diffusion du virus et tentent tant bien que mal de maintenir une certaine activité économique. Cette pandémie défie nos modes de vie et de consommation.

Le 23 mars 2020, le gouvernement du Québec a annoncé la fermeture des entreprises et des commerces non essentiels pour les trois prochaines semaines, soit jusqu’au 13 avril. Ces mesures s’alignent avec les directives déjà adoptées en Chine, France, ou encore en Italie il y a quelques semaines.

Les mesures de distanciation sociale et isolement, les limitations des déplacements et l’arrêt de nombreuses activités non essentielles vont avoir des répercussions sur la consommation d’énergie, notamment d’électricité qui représente 36% de l’énergie consommée au Québec.

L’électricité, une énergie verte et abondante fortement utilisée dans l’industrie

95% de l’électricité produite au Québec est d’origine hydro-électrique. Une partie de la production alimente l’Ontario et les États-Unis et positionne le Québec comme exportateur mais la plus grosse partie de l’énergie électrique produite est consommée ici même au Québec. Le graphique ci-dessous illustre la répartition de la consommation par secteur. Près de 47% de l’électricité consommée localement alimente ainsi le secteur industriel.

Quels impacts des mesures sur la consommation d’électricité ?

Les annonces du gouvernement Québécois vont impacter fortement les consommations en électricité des différents secteurs.

En France, où des mesures comparables ont été prises, une baisse de 15% de la consommation a été observée lors des derniers jours. En Italie, depuis le début de la quarantaine, l’appel de puissance et la consommation d’électricité journalière ont été réduit d’environ 18% à 21% par rapport aux données de 2019.

Ainsi, sur la base de l’analyse des données des pays européens qui ont appliqué des mesures de confinement et de restriction des activités industrielles strictes, il est réaliste d’estimer que la consommation des secteurs industriels et commerciaux/ institutionnels au Québec pourraient baisser à hauteur de 65% et 60% respectivement. En effet les écoles, universités et la majorité des entreprises manufacturières ont mis leur activité en « pause ». L’entreprise Bombardier vient par exemple d’annoncer l’arrêt temporaire de toutes ses activités au Canada. Cette estimation reste cependant dépendante des exceptions faites pour les industries et activités jugées « essentielles » dont la liste évolue en fonction des directives du gouvernement.

La consommation des particuliers devrait mécaniquement augmenter du fait de la généralisation du télétravail et du confinement imposé. En plus de l’augmentation de la consommation liée aux appareils électriques (électroménager, ordinateur, télévision, éclairage, …), la majorité des résidences (66%) sont chauffées à l’électrique. Le chauffage, très consommateur, que beaucoup d’usagers ont l’habitude de baisser lors de leur absence vont désormais fonctionner toute la journée même si les températures extérieures devraient progressivement se radoucir.

Pendant les prochaines semaines, Sia Partners estime donc que la consommation d’électricité pourrait diminuer d’environ 0,32 PJ par jour, soit -19% par rapport à la consommation habituelle. Cette estimation place le Québec dans une trajectoire comparable à celle observée actuellement dans les pays industrialisés d’Europe.

Quels impacts sur le réseau et les acteurs de l’industrie électrique ?

Les températures douces de l’hiver avaient déjà provoqué une baisse de 5% de la consommation en électricité au mois de Janvier (par rapport à l’année précédente) sans compter la crise actuelle liée au Covid-19 qui devrait donc accentuer cette tendance. Cette nouvelle baisse de consommation sera accompagnée de nouveaux défis à court et moyen termes.

Une situation sans précédent

Dans cette période de crise, Hydro Québec est en première ligne et se doit d’être présent sur tous les fronts pour garantir un service fiable et continu à l’intérieur du Québec mais aussi aux points d’interconnexions. Les opérations de maintenances non essentielles sont reportées et une flexibilité commerciale nécessaire a déjà été annoncée (facilitée de paiement pour les clients, annulation des frais d’administration applicables aux factures impayées, etc.) pour ne pas aggraver la perception de la crise par les usagers.

Au Québec, l’enjeu n’est donc pas la capacité à répondre à la demande en électricité mais bien à maintenir le réseau face aux variations des profils de consommation.

 

Une analyse de Julien Masson et Alexandre Bonaldi

 

 

 

Sources

RTE – consommation électrique en France - (données France)

EPRI Transmission Operations and Planning - (données Italie)

État de l’énergie au Québec 2020, Chaire Énergie HEC