La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Principalement connu sous la forme de micropaiements dédiés à la personnalisation du téléphone (téléchargement de logo ou sonnerie), le paiement mobile est en train de décoller et devrait représenter 630Mds de dollar de chiffre d'affaire en 2014
Principalement connu sous la forme de micropaiements dédiés à la personnalisation du téléphone (téléchargement de logo ou sonnerie), le paiement mobile est en train de décoller et devrait représenter 630Mds de dollar de chiffre d'affaire en 2014 . Les perspectives de ce marché attirent de nombreux acteurs et quelques solutions de paiement mobile ont d'ores et déjà été lancées.
Le paiement mobile : multiplications des initiatives et des approches
Le marché du paiement mobile est en plein essor et attire de nombreux protagonistes. Les géants du web (Google, Amazon...), les spécialistes du paiement en ligne (Paypal...), les banques, les opérateurs téléphoniques et même les équipementiers cherchent à entrer sur ce marché, notamment grâce à des coalitions (Isis aux USA, Pegasus ou l'Association Européenne de Paiement Mobile en France). Chaque acteur a sa préférence quand à la norme technologique à utiliser. Il faut donc s'attendre à une guerre des normes.
Mais toutes les offres lancées ou en cours de lancement ne sont pas identiques. Sous l'appellation paiement mobile sont regroupés plusieurs types de paiement à distance. Les principaux sont : le paiement de proximité, qui s'effectue in situ chez un commerçant grâce à la technologie NFC, le peer-to-peer, qui permet d'effectuer un virement à un tiers via sms ou application mobile et le m-commerce, qui permet d'acheter sur internet via son mobile grâce à une connexion 3G.
Le e-commerce et le NFC demande la mise en place d'une infrastructure avant d'être implémentés. Dans le cas du paiement de proximité, il faut équiper les clients et les éduquer, mais aussi se forger un réseau de commerçants partenaires et les équiper. Dans le cas du e-commerce, l'infrastructure est moins lourde à mettre en place, mais il faut néanmoins se constituer un réseau de e-commerçants partenaires.
Le lancement des premières initiatives
L'été a été marqué par le lancement de deux initiatives de paiement mobile, une en France et une aux Etats-Unis, bien différentes l'une de l'autre : Kwixo et Google Wallet.
Kwixo, est une initiative du Crédit Agricole, via sa filiale fia-net et se veut le concurrent français de Paypal sur mobile. Pour utiliser Kwixo, il faut ouvrir un compte Kwixo et fournir ses coordonnées bancaires, nul besoin d'être client Crédit Agricole. Après cela, le client peut payer ses achats via Kwixo sur les sites partenaires ou transférer de l'argent à un tiers, qui devra disposer d'un compte Kwixo. . Les services Kwixo sont gratuits, hormis le transfert d'argent de particulier à particulier où une commission de 49cts est prélevée. Les transactions s'effectuent sur internet. Les possesseurs de smartphone peuvent donc utiliser Kwixo via l'internet mobile, ou l'application mobile dédiée (réservée aux Iphone) et ceux qui n'ont pas de smartphone peuvent utiliser les services Kwixo avec un système basé sur les sms.
Kwixo regroupe deux formes de paiement mobiles : le peer-to-peer et le e-commerce. L'initiative a constitué son réseau de e-commerçants grâce à Fia-net, spécialiste du e-commerce. Kwixo permet donc d'effectuer des achats à distance, de rembourser un proche, d'avancer de l'argent ou encore d'envoyer de l'argent à quelqu'un.
Google Wallet a une approche différente du paiement mobile. L' application lancée par Google permet à un téléphone équipé de la technologie NFC de devenir un moyen de paiement, au même titre qu'une carte bancaire. Il suffit au client d'approcher son téléphone de la borne NFC du commerçant pour régler son achat. Le téléphone, lié à un compte bancaire, est capable de communiquer avec cette borne. Les informations relatives à un achat (compte débiteur, compte à créditer et montant de la transaction) transitent alors en utilisant les mêmes ondes que celles qui servent à téléphoner. Elles sont ensuite traitées et la transaction devient effective.
Google Wallet se veut être une alternative au portefeuille ou à la carte bleue. Il se destine à servir lors d'achats de petits montants effectués traditionnellement en espèce. Entièrement sécurisé, il permet de réaliser ses achats de manière simple et surtout rapide (plus besoin de faire l'appoint ...). Google Wallet ne rapporte pas d'argent en temps que tel (les transactions sont gratuites) mais il s'accompagne de services rémunérateurs (ex : les offres personnalisées ou géolocalisées...).
Google est le premier à déployer un dispositif de paiement NFC, mais ce lancement reste prudent. On ne peut payer grâce au NFC qu'aux Etats-Unis, chez les commerçants équipés de bornes adéquates et il faut respecter plusieurs conditions. Il faut être doté du seul téléphone compatible pour l'instant avec Google Wallet : le Nexus S, être client Mastercard ou Citi et enfin avoir pour opérateur Sprint NexTel (le 3ème opérateur aux Etats-Unis).
Cependant, payer avec son mobile tend à se démocratiser. Les téléphones Android (OS de Google et 1er OS sur smartphone) sont d'ores et déjà compatibles avec la technologie, les équipementiers n'ont plus qu'à les équiper de puces. Google estime ainsi qu'en 2014, 50% des smartphones seront équipés NFC.
De plus, Google est en pourparler avec des nombreux nouveaux partenaires : Visa (l'accord a été signé), American Express ou encore Discover. Google s'est constitué un réseau de commerçants partenaires de choix, il compte notamment parmis eux Subway. La firme possède 24 000 points de vente, rien qu'aux Etats-Unis et permet à Google d'élargir considérablement sa force de frappe.
Google wallet et Kwixo : des pionniers dans leur domaine, mais très vite concurrencés
Bien qu'ayant été les premiers à entrer sur leur marché, Google Wallet et Kwixo ont très tôt du affronter la concurrence.
Google doit notamment faire face l'alliance Isis qui regroupe les 3 autres opérateurs américains, plusieurs banques et Visa et Mastercard. Mais aussi à Paypal et son initiative paypass.
Kwixo aura lui aussi fort à faire pour s'imposer, face à une forte concurrence. Kwixo essuiera ainsi la concurrence de Buyster, la solution de paiement mobile des trois opérateurs traditionnels de téléphonie mobile lancée en septembre. Buyster, qui a reçu l'agrément de la banque de France permet de lier un numéro de téléphone à un compte bancaire. Ainsi, lors d'un achat chez un e-commerçant partenaire vous aurez le choix entre payez par carte bancaire ou par compte Buyster en saisissant votre numéro de téléphone et un mot de passe. Le système se veut simple rapide et davantage sécurisé (il y a moins de chiffre à taper, les informations bancaires ne transitent plus sur le net...).
La concurrence n'est cependant pas le seul obstacle à franchir par les deux initiatives. Elles devront notamment faire face aux difficultés d'ordre plus général qui attendent le paiement mobile.
Le Paiement mobile : un marché attirant mais à l'avenir incertain
Google qui s'est lancé le premier en choisissant la technologie NFC, espère ainsi assoir très vite sa domination et imposer sa norme sur ce marché balbutiant. Cette démarche volontariste va à l'encontre des pronostics des observateurs qui pensent que la technologie « ne prendra pas avant 2015 » . Ainsi, le principal obstacle que devra franchir le paiement mobile avant de se généraliser est d'être accepté par les acteurs du système c'est-à-dire les commerçants et les acheteurs. Pour favoriser l'acceptation de son Google Wallet par les commerçants, Google a subventionné les bornes NFC, finançant ainsi le décollage du marché.
Si l'attrait pour ce nouveau moyen de paiement a été exprimé dans certaines enquêtes d'opinion, 81% des jeunes souhaiteraient pouvoir payer avec leur mobile, les consommateurs ne semblent pas plébisciter les initiatives concrètes. Ainsi, le paiement par mobile du stationnement automobile à Issy-les-Moulineaux en place depuis 2003 n'a pas supprimé les horodateurs , Cityzi à Nice n'a enregistré que 2800 transactions sur un an pour 3300 niçois équipés . De plus, quelques études pointent le peu d'attrait des français pour ce type de technologie (59% des français sont opposés à cette idée)
La technologie NFC, disponible et fonctionnelle depuis 2002 doit, pour s'imposer, s'accompagner d'un changement important des mentalités.
Les deux initiatives sont très différentes dans leur façon de fonctionner, mais font chacune un pas vers l'acceptation et la généralisation du paiement mobile. Elles devront chacune faire face à une concurrence forte et à la guerre des normes qui se prépare, mais pour s'imposer, leur plus grand défi est d'être acceptées.
La course au paiement mobile est aujourd'hui lancée, chaque acteur propose une solution, la solution qui s'imposera sera celle qui aura été acceptée des consommateurs et des commerçants. Pour cela, elle devra être proposée par un acteur légitime, connu et donner des gages de sécurité à ses utilisateurs.