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Grand Paris : quelles initiatives pour une mobilité durable ?

La transformation d’une ville, comme Paris, en une ville durable et responsable va plus loin que la modernisation des modes de transport historiques. Bien que ceux-ci soient le maillon central de la mobilité urbaine, les politiques de mobilité durable doivent englober toute la chaine de valeur.

Les trajets sont à penser en door-to-door (porte à porte), en rendant également éco-responsables les premiers et les derniers kilomètres. La maintenance et les différents travaux sont eux à prévoir d’une manière durable dès la conception, en incluant notamment une réflexion autour des impacts sur l’écosystème des quartiers concernés.

Le nouveau réseau de transport sera économe en énergie

A l’issue des travaux en 2030, 90% des Franciliens vivront à moins de 2 kilomètres d’une gare. Afin d’assurer son fonctionnement, ce réseau de transport nécessitera une alimentation en énergie équivalente à la consommation d’une ville de 225 000 habitants. L’efficacité énergétique est donc un enjeu majeur du Grand Paris. Dans le but d’optimiser la consommation d’électricité, le métro du Grand Paris utilisera des méthodes du transport ferroviaire qui ont fait leurs preuves. La « marche sur l’erre », qui consiste à couper la traction dans les zones à vitesse réduite, tout en continuant à avancer par inertie, permet par exemple d’économiser 20% de l’électricité consommée par rapport à la marche tendue. Le système de freinage électrique récupère, quant à lui, 30% de l’énergie nécessaire à un freinage mécanique classique et limite l’émission de particules métalliques. L’optimisation énergétique des trains du Grand Paris Express et la régulation du trafic seront assurées par un dispositif de pilotage centralisé, le PCC (Poste de Commande Centralisé), qui sera situé à Champigny. Ce poste pourra synchroniser les démarrages des trains (très consommateurs en énergie) avec le freinage des autres trains sur la ligne pour lisser les appels de puissance sur le réseau. L’énergie récupérée pourrait également être utilisée pour alimenter des gares, ou être stockée dans des batteries en cas de surplus. Ainsi la récupération des énergies fatales permettrait de répondre aux besoins énergétiques du métro aux heures de pointe sans surdimensionner les équipements.

L’institut Efficacity, centre de recherche et de développement dédié à la transition énergétique des territoires urbains (lancé en 2014), en collaboration avec la RATP, étudie différentes solutions visant à rendre les gares moins énergivores. Parmi celles-ci des échanges thermiques seront facilités entre les locaux techniques ou les data center et les gare. Le Poste de Commandes Centralisé aura ainsi 70% de ses besoins en chauffage couverts par ce système. Des études sont aussi en cours pour tirer parti du fait que les gares seront construites en profondeur (20 à 50 mètres), grâce au système de « Puit Canadien » : en hiver, l’air froid extérieur, récupéré pour la ventilation, est préchauffé en passant dans le sol qui est à une température quasi-constante et en été, l’air chaud extérieur est refroidi grâce au sol, plus frais que l’extérieur. Enfin, l’institut Efficacity cherche à valoriser l’énergie géothermique, en faveur de la gare, mais également pour le quartier environnant. La solution proposée consiste à faire parcourir dans les parois en béton moulées de la gare, installées en profondeur, des canalisations de fluide caloporteur. Celui-ci récupère l’énergie thermique du sol et grâce à une pompe à chaleur, cette énergie peut être redistribuée à la gare et à son voisinage. Cinq quartiers à fort potentiel géothermique ont été identifiés : Pont-de-Sèvre, Issy RER, Les Ardoines, Vert-de-Maisons et Créteil-L’Echât. La société du Grand Paris met au centre de ses réflexions la performance énergétique des futurs trains et gares, afin d’offrir à tous les franciliens, dans les années à venir, un réseau ferroviaire écoresponsable.

Des solutions se mettent en place pour parcourir le dernier kilomètre

La Société du Grand Paris a lancé des appels à projets en 2016 et 2017 sur quatre thématiques : la proximité, la mobilité, les déblais et enfin les nouvelles mobilités. Les six projets lauréats de l’appel à projets « pour de nouvelles mobilités actives, électriques et numériques » pourront expérimenter leurs solutions dans des gares du Grand Paris. Afin d’assurer le transport des usagers sur le dernier kilomètre tout en prenant en compte l’impact environnemental, plusieurs projets proposent des moyens de transport « doux » qui pourront être utilisés à la sortie des gares. Pour les usagers adeptes de la marche ou de la course à pied, l’agence spécialiste de la mobilité, ETC (Ecomobilités, Territoires & Connexions), aménagera un parcours entre la future gare « La Courneuve Six Routes » et deux parcs de la commune : le parc Georges-Valbon et le parc de Marville. Cette piste sera dotée de radars permettant aux sportifs de connaître leur performance en temps réel. Le projet Adactive propose aussi une solution pour améliorer les déplacements des piétons en mettant en place des bornes tactiles à proximité des gares. Celles-ci calculent les itinéraires en proposant de passer par les lieux d’intérêt de la ville, une application mobile indique ensuite la route à suivre jusqu’à la destination choisie. La start-up Knot souhaite quant à elle développer un autre moyen de transport en proposant un service de location de trottinettes connectées. Pour utiliser ce service il suffit de télécharger une application mobile pour localiser et débloquer la trottinette. Cette application propose aussi l’itinéraire le plus adapté vers la destination de l’usager qui à l’arrivée pourra déposer la trottinette dans une autre station.

Toujours dans la perspective de diminuer l’impact environnemental des transports du dernier kilomètre, certains projets du Grand Paris proposent des solutions participatives. C’est le cas de Oui’Hop qui développe une application mobile qui met en relation les automobilistes avec les piétons se dirigeant dans la même direction au même moment. Il s’agit donc d’une version numérique et évolutive de l’autostop avec plus de sécurité et adaptée aux nouveaux usages. Cette solution sera testée à Antonypôle, une zone d’activité dynamique où les trajets entre les gares de RER et les lieux de travail sont fréquents. Le projet Cmabulle propose aussi une solution participative mais cette fois destinée aux familles. Cette application met en relation les parents pour l’accompagnement des enfants à l’école ou sur les lieux d’activités extrascolaires. Les familles enregistrent leurs coordonnées puis les lieux et fréquences des activités scolaires ou extrascolaires. L’application se charge ensuite de trouver les synergies et permet aux parents de communiquer via un Chat pour confirmer les prises en charge.

De par la sélection de ses projets, le Grand Paris montre sa volonté de proposer des solutions propres et innovantes, adaptées à chacun pour les trajets courts à la sortie des gares mais aussi pour les allers-retours du quotidien. Au-delà de ces initiatives, la Métropole du Grand Paris propose une aide pouvant aller jusqu’à 5000€ pour l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion électrique, hydrogène, hybride rechargeable ou GNV (gaz naturel pour véhicules). Cette offre réservée aux 1 000 premiers dossiers déposés vient répondre aux alertes à la pollution atmosphérique que subissent régulièrement Paris et sa banlieue. 

Des applications se développent pour assurer la mobilité pendant les travaux

Les abords des chantiers sont souvent problématiques. Les engins de manutention sont contraints de stationner sur la voie publique ce qui perturbe fortement le trafic dans ces zones et augmente la pollution atmosphérique et sonore. La société du Grand Paris a alors mis en place GELITRA (Gestion Livraison TRAfic), une solution de gestion dynamique du trafic. L’outil, conçu par ARTELIA, fut initialement conçu pour le chantier des Halles, dans le 1er arrondissement de Paris. Chaque acteur du chantier planifie ses livraisons (même en urgence, quelques minutes avant) et GELITRA optimise les accès aux chantiers en indiquant aux différents véhicules où et quand se déplacer. GELITRA inclut également des niveaux de priorité, gérés par le responsable de chantier, si un arbitrage est nécessaire. Ce logiciel limite ainsi les tournées de camions aux abords des chantiers et préserve la vie locale (commerce, stationnement). Une autre solution, proposée par Citilog à destination des riverains, vise à garantir des conditions de trafic convenables dans les carrefours à proximité des chantiers. Pour se différentier des autres solutions traditionnelles de gestion de trafic, Citilog positionne des capteurs sur les mâts d’éclairage public et mesure en temps réel la densité de véhicules sur chacune des voies du carrefour. Ces capteurs sont liés aux contrôleurs de feux qui sont alors pilotés pour prévenir les blocages.

Une autre approche pour gérer la congestion du réseau routier autour des chantiers est de limiter directement l’affluence à leurs abords.  Ainsi, la société du Grand Paris a mis en place la solution « Chasseur de bouchons », à destination des conducteurs. La solution incite le voyageur à changer ses habitudes pour décongestionner la zone de chantier (horaires décalés, report modal sur les transports en commun, télétravail …). En acceptant une alternative plus durable, l’automobiliste est récompensé. Par exemple, à Boulogne-Billancourt, le conducteur recevra 2€ par trajet évité, il devra pour cela installer un boitier de géolocalisation dans son véhicule permettant de prouver son immobilisation. La démarche s’appuie sur une initiative de la ville de Rotterdam où les automobilistes gagnent 3€ par trajet non effectué. En 2017, le trafic aurait diminué de 17% grâce à cette mesure (soit 230 000 véhicules de moins par jour).

 

Toutes ces initiatives s’inscrivent dans un élan qui vise à faire de la France un pays plus vert. L’épicentre se trouve en Ile-de-France, et la région profitera de l’organisation des J.O. en 2024 pour accélérer la mise en place de ces solutions. Cependant, l’écho de la mobilité durable résonne aussi sur l’ensemble du territoire et donne naissance à de nombreux projets comme le Comptoir de la mobilité et Maison du vélo de La Rochelle, l’application Optimod’Lyon ou encore le Challenge de la mobilité en Hauts-de-France.