La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Des investissements mondiaux à multiplier par 15,4 pour atteindre les objectifs 2030.
Les investissements mondiaux en faveur du climat augmentent en moyenne de 10,3% par an depuis 2013. Ils ont atteint 615 Mds $ en 2019. Les énergies renouvelables attirent la majorité des investissements (58%) grâce à leur maturité mais restent toujours minoritaires dans le mix énergétique global (4% des capacités installées).
Au niveau mondial, le secteur privé (56% des investissements) se concentre sur les projets aux technologies les plus matures et aux business models les plus établis. Le secteur public (44% des investissements) quant à lui investit dans des technologies moins matures.
La France mobilise 8,3% des investissements mondiaux en faveur du climat, avec une large partie à destination de l’efficacité énergétique. Ces investissements sont amenés à augmenter dès 2021 suite à l’adoption d’un plan de relance qui mobilisera 100 Mds € dont 38,1 Mds € seront directement fléchés vers les activités vertes en visant en priorité les secteurs les plus émetteurs.
Ces investissements sont encore largement insuffisants pour atteindre les objectifs mondiaux et contrer le réchauffement climatique ; la dynamique de la finance verte doit se renforcer. L’Europe montre la voie, comme leader de la finance verte avec 45% des émissions de Green Bonds et un environnement réglementaire favorisant le développement des investissements verts. En France, les acteurs financiers sont mobilisés avec notamment 704 fonds labellisés.
Les banques mettent en place des politiques d’exclusion, méthodes de quantification, offres spécialisées (offres en banques de financement et d’investissement ainsi qu’en retail) et investissements dans les actifs verts afin d’attirer de nouveaux capitaux. Les fintechs sont également un levier de développement de ces offres en apportant de la nouveauté et en challengeant les acteurs historiques sur ce sujet.
Les Green Bonds sont les produits les plus standardisés de la finance verte ce qui explique leur succès. Ils ont atteint 257,7 Mds $ dans le monde en 2019, en croissance de 54% par rapport à 2018. L’émission d’un Green Bonds nécessite un engagement fort et régulier de l’émetteur tout au long du projet. Cette exigence, en termes de transparence et de reporting, constitue le principal frein à l’expansion des Corporate Green Bonds.
Avec 8,75 Mds €, Engie est l’acteur du secteur énergétique ayant émis le plus de Green Bonds au monde en 2019, cela confirme la position des sociétés françaises comme moteurs sur ce segment de la finance verte.
Cependant, avec seulement 17% de Green Bonds certifiés et de plus en plus de secteurs couverts, le risque de greenwashing ne doit pas être minimisé.
Pour guider les investisseurs et accompagner le développement de la finance verte, l’Europe a construit la Taxonomie européenne basée sur les recommandations de la Task Force on climate-related Financial Disclosures (TCFD). Celle-ci vise à créer un canevas d’analyse commun intégrant tous les secteurs de la transition énergétique et à harmoniser les critères d’évaluation pris en compte par les produits verts ainsi que par les différents labels.
Le verdissement de l’économie mondiale nécessite d’atteindre près de 100 000 Mds $ d’investissements verts d’ici à 2030 pour être conforme à l’attendu des accords de Paris. Cela représente une multiplication par 15,4 des investissements mondiaux annuels actuels. Avec 253 Mds $ annuel mobilisés actuellement par le secteur public, tous les acteurs privés doivent se mobiliser, avoir recours aux produits verts, identifier les projets grâce au cadre donné par la taxonomie européenne, tout en assurant leur résilience face aux risques climatiques croissants.