La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Etude
Jusqu’à présent, les ESMS ont été peu intégrés dans les grandes réformes du système de santé. La crise du COVID-19 a mis en lumière des difficultés qui impliquent un questionnement du modèle opérationnel de nos ESMS, et plus spécifiquement des EHPAD.
Le débat est déjà lancé. A titre d’exemple, le CNP, SFGG et le CNEG indiquaient dans leur communiqué du 5 mai qu’ « un des premiers constats majeurs de cette crise est sans doute que le modèle français des EHPAD est défaillant et inadapté à faire face à des enjeux sanitaires de cette ampleur [1] ».Au contraire, lors d’une interview pour Hospimedia, Nathalie MAUBOURGUET, présidente de la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en EHPAD, déclarait le 28 mai que « le modèle des EHPAD qui date d’une vingtaine d’années n’a pas failli à la crise [2] ».
Outre l’adaptation ou non du modèle des EHPAD à la gestion de crise sanitaire, leur place dans l’écosystème peut également être soumise à débat. Dans un environnement marqué par le développement des parcours patients et de la relation ville-hôpital, les ESMS pourraient s’inscrire dans cette dynamique de coordination afin de gagner en agilité, réactivité et communiquer davantage avec leurs partenaires. Cette évolution de positionnement pourrait se traduire par une évolution du business model de ces structures. Dans cet article, nous vous proposons une analyse du modèle opérationnel existant des EHPAD et les pistes d’évolution que nous entrevoyons.
Notamment, la dimension offre de services pourrait évoluer vers davantage de services « à la carte », adaptés au profil du patient et à la logique de parcours qui prime actuellement dans les différents travaux de modernisation du secteur sanitaire et médico-social.
Le renforcement de la logique de parcours dans le médico-social pourrait amener les EHPAD à renforcer leur partenariat avec d’autres membres de l’écosystème (notamment les structures de soins et d’aide à domicile). Cette tendance s’est déjà concrétisée chez plusieurs acteurs privés comme Orpéa ou Korian. Le renforcement de ces partenariats pourra se traduire par des rapprochements organisationnels (notamment en cas de concrétisation du projet de constitution d’établissements médico-sociaux de territoire), la constitution d’organisations innovantes (type Buurtzorg) et une mise à niveau de leurs systèmes d’information afin de faciliter le partage de données.
Ces évolutions nécessiteront des moyens conséquents. Si le gouvernement a annoncé dans sa circulaire budgétaire pour 2020 un budget conséquent, nous sommes encore loin des 10 milliards d’euros nécessaires à la mise à niveau total du secteur, évoqué dans le rapport Libault [3]. L’état semble cependant avoir pris conscience de la nécessité de renforcer le secteur. C’est à ce titre que des discussions sont amorcées en vue de la création d’une nouvelle branche visant à couvrir le risque de la perte d’autonomie (le « 5ème risque »). Le principe de cette création a d’ailleurs été voté le lundi 5 juin 2020 en commission spéciale par les députés. Cependant, sa mise en œuvre concrète et les financements associés restent encore à déterminer.
[1] https://sfgg.org/espace-presse/communiques-de-presse/gestion-de-lepidem…
[2] https://abonnes.hospimedia.fr/interviews/20200528-nathalie-maubourguet-…
[3] https://solidarites-sante.gouv.fr/affaires-sociales/personnes-agees/con…