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A l’heure des arbitrages budgétaires, des feuilles de route et des cadrages, Sia Partners identifie pour l’année à venir 3 enjeux, 3 priorités et 3 dangers pour les DAF.
Après avoir été mobilisées aux côtés de la DG pendant la tempête du covid en 2021, impliquées dans le redémarrage post pandémie et ses enjeux d’approvisionnements en 2022, quels défis les directions financières relèveront-elles en 2023 ?
Sans surprise, tous les baromètres continuent à placer en tête des préoccupations le pilotage de la performance avec 3 points d’attention pour cette nouvelle année :
- entre les secteurs (forte demande sur la pharma, le nucléaire, l’agri-foodtech, le luxe, la cyber sécu … ) ;
- entre les métiers (les plus en tension étant Finance, IT, Data science ou RSE) ;
- entre des zones géographiques aux spécialisations, aux démographies et aux inflations découplées (IT en Inde, Finance aux UK, Industrie en Allemagne, Services en France …).
Dans ce contexte, les entreprises dotées de modèles et d’outils de prévision de la masse salariale disposeront d’un réel avantage.
Si le covid n’avait pas suffi, 2022 et le conflit en Ukraine auront démontré l’importance des prévisions glissantes portées dans un EPM pour simuler rapidement les impacts, replanifier et ajuster les ressources face aux imprévus ; gageons que 2023 aura aussi son lot de surprises et que les investissements en planification financière vont continuer à se généraliser.
Les priorités 2023 sont la préparation des grandes d’échéances 2024.
C'est au tour des entreprises privées de basculer dans la facturation électronique, selon un calendrier étalé : c'est au 1er juillet 2024 que les entreprises - de toute taille - devront être en mesure d'accepter des factures électroniques. L'émission deviendra, elle, obligatoire en fonction d'un calendrier échelonné selon la taille de l'entreprise, entre juillet 2024 pour les plus grandes et janvier 2026 pour les TPE.
Prêtes pour la dématérialisation ? Pas vraiment, les baromètres montrent qu’une part importante d’entre elles n’a même pas connaissance de la réforme et que pour les autres le sujet n’est pas très clair.
La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) sur le reporting extra-financier sera également applicable en 2024. Avec cette échéance en ligne de mire, les entreprises devront dès 2023 monter en compétence sur le sujet, définir leur stratégie de durabilité et la manière dont elles vont s’acquitter de ces obligations.
Elles auront à définir leur politique, leur pilotage dédié et instaurer un système d’indicateurs pertinents pour le suivi des objectifs (KPI).
Selon une étude DFCG (Direction Française du Contrôle de Gestion), 56% des DAF doivent s’impliquer davantage dans les problématiques RSE, le sujet va donc s’inviter à l’agenda dès 2023.
Plus de 20 ans après son lancement, l’outil phare de la consolidation dans 80% des grands groupes français sera progressivement retiré du catalogue SAP à partir de 2024. Naturellement, l’éditeur va proposer ses substituts en cloud : Group Reporting pour la consolidation et SAC (Analytics Cloud) pour la planification. Mais la concurrence n’est pas en reste chez Oracle, One Stream ou Tagetik avec la perspective d’intégrer un reporting statutaire extra-financier croissant (cf CSRD). Quel que soit leur choix, les entreprises clientes de SAP ne pourront plus procrastiner en 2023 et vont devoir consacrer des ressources à la modernisation de leurs briques conso/reporting.
L’autre pénurie qui menace l’activité en général et la direction financière en particulier est celle des talents. A la sortie progressive des boomers du marché du travail, s’ajoute l’imparfaite adéquation des profils financiers avec les nouveaux métiers de la DAF.
Data science, robotique, intelligence artificielle, pilotage de projets IT, digitalisation des process, business partnership, diffusion de la donnée et de la culture financière, solutions low ou 0 code … les DAF peinent à trouver ces compétences hybrides dont elles ont besoin pour opérer. En 2023 il faudra ouvrir les chakras du recrutement à d’autres filières, investir sur la formation et la rétention des équipes.
Beaucoup d'experts redoutaient une explosion des tentatives de fraude après l'agression de l'Ukraine par la Russie. La catastrophe annoncée n’a pas eu lieu. Mais, d'après la dernière étude réalisée par la DFCG, les entreprises ont pris la mesure du danger : 78 % des répondants estiment que le risque de fraude se renforcera d'ici à la fin de l'année, 69 % déclarent avoir subi au moins une tentative de fraude en 2022 ; le pourcentage atteint même 91% pour les grand groupes : phishing, fraude aux faux fournisseurs, intrusion dans les systèmes informatiques afin de réclamer une rançon, fraude au président … 2023 verra le renfort du contrôle interne qui passera par un meilleur contrôle de la base de tiers, une meilleure ségrégation des tâches, des procédures et des outils digitaux pour les virements urgents et exceptionnels, une cartographie du risque de fraude ou un plan antifraude.
Si le covid a ralenti voire gelé l’investissement technologique sur le SI Finance/Gestion, 2022 aura été à la fois une année de rattrapage pour les uns et une année d’attente pour les autres avec le risque d’un décrochage technologique chez les acteurs trop conservateurs ou sous-investis.
On constate que les conversions au Saas s’accélèrent à mesure que tombent les réticences des DAF. D’ailleurs, on constate dans les grands groupes les premiers passages de l’on-premise vers le Saas pour les ERP dans l’immobilier, la banque ou l’hôtellerie, pour les EPM dans la distribution, la logistique ou l’industrie.
Ce n’est qu’un début et la tendance continuera dans les prochaines années, soutenue par les offres « as a service » des éditeurs historiques de solutions d’ERP et d’EPM comme par la montée en puissance de nouveaux acteurs Saas-native. Citons par exemple Pigment (EPM pour ETI/secteur public), Highradius (Cash collection et Machine learning ) ou Diapason (Cash Management digital intégré).
Avec la migration généralisée des données vers le cloud qui se poursuivra en 2023, les capacités de stockage et de traitement seront démultipliées, elles ouvriront la voie à de nouveaux cas d’usage : digitalisation, smartclose, robotisation, BI/dataviz, machine learning, process mining … La DAF devra s’en emparer pour en tirer toute la valeur de gestion, étendre ses domaines d’intervention (extra financier, RSE …), réduire ses coûts et délais de production, développer ses analyses et les diffuser plus largement dans l’organisation.