La reconversion, parent pauvre des politiques d…
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Le biomimétisme a été promu dans la stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable en 2015. C’est une démarche qui consiste à imiter la nature pour innover de manière durable. En effet, on trouve dans la nature des stratégies optimisées et peu consommatrices de ressources pour par exemple distribuer de l’énergie, traiter l’information, se déplacer, etc.
Les entreprises françaises ont intégré le biomimétisme dans leurs stratégies d’innovation et investissent dans le développement de ces technologies radicalement en rupture. On dénombre plus de 105 entreprises françaises actives sur le thème du biomimétisme en France. On retrouve tous les secteurs d'activité avec par exemple EDF, Engie, Renault, Air Liquide, Suez, l’Oréal.
Toutes les catégories d’entreprises se positionnent sur cette thématique. On retrouve majoritairement les grands groupes et les très petites entreprises. Les grands groupes disposent notamment de ressources logistiques, financières et humaines considérables, alors que les TPE misent plutôt sur leur agilité, leur réactivité et leurs expertises ciblées.
Renault travaille sur l’optimisation de la consommation des ressources dans la motorisation hybride des véhicules sur le modèle du métabolisme du corps humain.
Suez Environnement développe un principe de filtration de l’eau inspiré des zones humides naturelles pour garantir des traitements complémentaires contre les micropolluants et limiter leur diffusion dans les milieux aquatiques en y maintenant la biodiversité. Il s’agit d’un ensemble successif de bassins en eau, abritant une faune et une flore diversifiée et sélectionnée, permettant l’absorption de certains polluants, comme les résidus médicamenteux, les solvants, et les pesticides.
Airbus travaille sur l’optimisation du ratio masse/résistance à l’aide d’algorithmes qui s’inspirent des structures osseuses et végétales en vue d’impressions 3D. Cette innovation permettrait de réduire fortement la consommation en kérosène des avions.
Engie et Polymaris utilisent un biopolymère issu de bactéries d’origine marine pour empêcher les dépôts dans les circuits de refroidissement et canalisations industrielles en substituts d’agents toxiques. Ce biopolymère est composé de bactéries d’origine marine, et permet de remplacer les produits nocifs pour l’environnement actuellement utilisés dans les boucles d’eau de process industriels, comme par exemple le chlore.
Ces nombreuses innovations durables montrent bien que les entreprises françaises ont pris conscience des possibilités d’innovation liées au biomimétisme. Et ces innovations se traduisent par de nouveaux emplois et une production accrue.
Le biomimétisme impacte une multitude de secteurs d’activité. L’agriculture, l’industrie, la construction, mais aussi le transport et la santé sont impactés par les innovations inspirées du biomimétisme. En 2018, ces secteurs représentaient plus de dix millions d’emplois d’après l’INSEE.
Le biomimétisme pourrait représenter 50 000 emplois à l’horizon 2030 [1] si les entreprises françaises continuent de favoriser l’innovation durable. Cela engendrerait un gain de production de 500 millions d’euros.
La France possède d’ailleurs un patrimoine naturel exceptionnel qui lui permettrait d’être l’un des leaders mondiaux du biomimétisme. Avec la métropole et les territoires outre-mer, la France est présente sur deux continents et dans tous les océans, sauf l’Arctique. C’est le 2e espace maritime du monde avec plus de 10 millions de km2 d’après le rapport « Biomimétisme - Quels leviers de développement & quelles perspectives pour la France ? » élaboré par Myceco et Ceebios.
De plus, le ministère de la transition écologique et solidaire soutient fortement le développement du biomimétisme en France et est très actif sur cette thématique.
En effet, le ministère mène une multitude actions :
Le biomimétisme se révèle être une source d’innovation très prometteuse pour la France cependant plusieurs leviers devront être mis en place, comme le recommande Myceco et Ceebios dans leur rapport "Biomimétisme - Quels leviers de développement & quelles perspectives pour la France ?
Il est primordial de continuer de démontrer que le biomimétisme peut répondre aux défis du développement durable et de la transition énergétique. C’est pourquoi le biomimétisme doit être reconnu et intégré davantage dans les programmes gouvernementaux, afin de bénéficier de subventions publiques. Le biomimétisme ne pourra se développer à grande échelle que s’il fait parti des programmes gouvernementaux.
Une partie de la population française ne connait pas ce que sont le biomimétisme et ses opportunités. Des actions de sensibilisation et de communication à grande échelle semblent pertinentes et permettraient d’accélérer le développement de cette discipline en France.
Fédérer l’ensemble des acteurs (des grandes entreprises, des PME, des start-ups, des laboratoires de recherche, des universités) et des différentes parties prenantes permettrait de développer des partenariats, de dynamiser la filière et de partager des connaissances et des idées d’innovations.
Définir des méthodes et des outils partagés par tous permettrait d’uniformiser les pratiques et de mieux communiquer autour.
« Le biomimétisme est une approche pluridisciplinaire qui permet de s’inspirer du vivant et de son ingéniosité pour concevoir des innovations durables dans tous les secteurs d’activité »[2] Le biomimétisme représente un fort potentiel d’innovation pour les entreprises au service de la lutte contre le changement climatique et pour la transition écologique. De nombreuses entreprises françaises se sont déjà positionnées sur cette source d’innovation. En effet, le biomimétisme pourrait représenter 50 000 emplois à l’horizon 2030 et un gain de production de 500 millions d’euros.
Cependant, la mise en place de certains leviers est encore nécessaire pour aboutir à un développement massif du biomimétisme en France.
Le 3 septembre 2020, le gouvernement a lancé un plan de relance de 100 milliards d’euros. 30 milliards d’euros sont destinés au financement de la transition écologique. L’objectif est d’accélérer la conversion écologique de l’économie française pour qu’elle soit plus durable et plus économe en ressources naturelles et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ce plan de relance devrait contribuer à l’accélération récente du biomimétisme en France et permettre d’intégrer cette démarche comme un des piliers de la transition écologique.
Une analyse de Mathis Garcia
[1] Analyse Sia Partners d’après statistiques INSEE et étude Vertigo Lab « Evaluation du potentiel de développement de la biomimétique en région Nouvelle-Aquitaine ».
[2] D’après le rapport « Biomimétisme - Quels leviers de développement & quelles perspectives pour la France ? » élaboré par Myceco et Ceebios. https://cdn.weweb.app/public/clients/myceco/RappFrStrat-200709.pdf
« Evaluation du potentiel de développement de la biomimétique en région Nouvelle-Aquitaine » élaboré par Vertigo Lab http://vertigolab.eu/wp-content/uploads/2018/01/Rapport-biomim%C3%A9tisme-en-NA_VF.pdf