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Plus de 1000 unités de production de biométhane en activité et des évolutions réglementaires majeurs.
En mars 2022, la Commission européenne a annoncé l’objectif de produire 35 milliards de mètres cubes (bcm) de biométhane en Europe d'ici 2030 dans le cadre du plan REPowerEU. L'augmentation de la production de biométhane permettra de réduire la dépendance de l'UE aux importations de gaz naturel ainsi que d'accélérer considérablement la réalisation des objectifs climatiques. La réalisation de cette ambition, qui implique de multiplier par dix la quantité de biométhane injectée dans les réseaux gaziers, nécessitera la conversion des installations de biogaz existantes pour l'injection là où cela est possible, mais aussi une augmentation significative de la production.
A la fin de l’année 2021, on dénombrait plus de 1000 unités de production de biométhane dans les principaux pays européens producteurs. Parmi ces sites en exploitation, 90 % injectent leur biométhane dans le réseau de gaz naturel, avec une capacité totale d’épuration du biogaz de 855 000 Nm³/h, soit 38 TWh de biométhane une fois le biogaz épuré, et un volume de 30 TWh de biométhane injecté sur l’année 2021. Les pays européens producteurs de biométhane ont désormais atteint 10 % de l'objectif de 35 milliards de m3 fixé pour 2030. Le potentiel d’augmentation de la production de biométhane est considérable, car en plus des nouvelles installations, seulement 5 % des unités de biogaz dans l'UE sont équipées d’une unité d’épuration du biogaz, nécessaire pour produire du biométhane.
La majorité de ces installations de biogaz sont alimentées par des résidus agricoles, des cultures énergétiques et des déchets organiques. Les résidus agricoles, incluant le fumier, les résidus de culture et les cultures intermédiaires à vocations énergétiques, représentent 38 % des matières premières utilisées et constituent un moyen prometteur de réduire les émissions de méthane provenant de l'agriculture, à l'origine de plus de la moitié des émissions de méthane de l’Union Européenne. Les cultures énergétiques dédiées, principalement utilisées en Allemagne et au Royaume-Uni, représentent encore 31 % des matières premières. Ces cultures énergétiques cultivées uniquement pour la production de biocarburants ou de biogaz sont peu coûteuses et nécessitent peu d'entretien. Malgré des avantages environnementaux par rapport aux combustibles fossiles, ces intrants présentent également un risque de durabilité : concurrence avec les cultures alimentaires, pollution de l'eau et de l'air, perte de qualité des sols, renforcement de l'érosion et réduction de la biodiversité.
Ces dernières années, la filière biométhane a connu une croissance régulière dans la plupart des pays producteurs européens, la capacité d’épuration du biogaz ayant augmentée de 21 % en 2 ans, passant de 708 000 Nm³/h (3,0 bcm) en 2019 à 855 000 Nm³/h (3,6 bcm) en 2021. Cette croissance résulte principalement du dynamisme des grands pays producteurs comme la France ou les Pays-Bas. Des pays moins avancés, comme l'Italie et la Finlande, semblent néanmoins suivre cette dynamique. Rien qu'en France, 241 nouvelles unités de biométhane ont été mises en service au cours des deux dernières années, triplant ainsi la capacité de production, atteignant 6,4 TWh/an à fin 2021 (0,6 milliard de m3). Les pays disposant de filières plus matures comme l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse et la Suède n’ont que peu évolué au cours des dernières années. En Allemagne, qui possède toujours le plus grand parc de production, la filière biométhane a peu évolué entre 2019 et 2021, avec 240 unités de production et une capacité d’épuration du biogaz de 280 000 Nm³/h (1,2 bcm). Concernant les intrants utilisés, la proportion de cultures énergétiques dédiées utilisées dans la production de biométhane a sensiblement diminué, d’environ 20 % au cours des 10 dernières années, tandis que la part croissante des autres intrants agricoles renforce la tendance positive de la filière.
Les pays où les filières sont les plus développées tendent à limiter les subventions à l'investissement et les tarifs d’achat pour s’orienter vers des systèmes d'appel d'offres qui encouragent la réduction des coûts de production, et limitent la dépendance au soutien public. Certains pays stimulent également la demande de biométhane carburant (bioGNV) par le biais d'exonérations des taxes sur la consommation et de la taxe carbone, ainsi que par l'augmentation des taux d’incorporation pour les biocarburants, comme exigée par la directive européenne sur les énergies renouvelables (RED II). Par ailleurs, de plus en plus de registres nationaux sont implémentés et interconnectés, permettant le développement des Garanties d'Origine (GO) et de certificats pour les biocarburants dans le secteur du transport. Certains échanges sont limités en raison des incompatibilités entre les pays qui choisissent des organismes de certification différents : ERGAR (European Renewable Gas Registry) ou l’AIB (Association of Issuing Bodies) pour la délivrance des GO. Ces organismes travaillent à rendre leurs certificats compatibles dans le cadre des projets REGATRACE et FaStGo. En outre, la possibilité d'utiliser les GO dans le système EU-ETS (quotas carbone), rendu possible par le règlement relatif à la surveillance et à la déclaration des émissions des gaz à effet de serre, ainsi que la possible mise en œuvre d’une base de données de l’Union en telle que mentionnée dans RED II, pourraient respectivement stimuler le développement des deux types de certificats.
(Disponible en anglais)