La reconversion, parent pauvre des politiques d…
L’équipe Blockchain de Sia Partners a eu le plaisir de participer, les 5, 6 et 7 Mars, à l’Ethereum Community Conference, la conférence internationale annuelle organisée par l’Association Ethereum, qui s’est tenue cette année au CNAM à Paris.
L’équipe Blockchain de Sia Partners a eu le plaisir de participer, les 5, 6 et 7 Mars, à l’Ethereum Community Conference, la conférence internationale annuelle organisée par l’Association Ethereum, qui s’est tenue cette année au CNAM à Paris. Ethereum, seconde plus grosse cryptomonnaie en termes de part de marché (15 milliards de dollars actuellement, deuxième derrière Bitcoin) depuis quelques années, est la création du jeune génie russo-canadien Vitalik Buterin en 2015. Mais Ethereum est d’abord un protocole d’échanges décentralisé construit sur base de petits logiciels intelligents et automatisés (les fameux smart contracts) exécutant à travers le réseau chaque itération faite sur ces programmes. La communauté Ethereum regroupe développeurs indépendants, entrepreneurs et industriels.
L’Asseth (association française ayant pour but de promouvoir et populariser la Blockchain Ethereum) a coorganisé avec la Fondation Ethereum et le CNAM, pour la deuxième fois, l’EthCC. Cette conférence est le point de rencontre entre tous les acteurs mondiaux travaillant au développement d’Ethereum.
Avec plus de 120 intervenants venant du monde entier, 6 amphithéâtres pour des conférences et ateliers de travail pendant 3 jours, et plus de 1000 participants, c’est un évènement à ne pas rater pour les enthousiastes d’Ethereum, comme pour les sceptiques d’ailleurs. Cette année, les thèmes abordés étaient les applications décentralisées, le web3.0 et la protection des données utilisateurs, l’identité digitale, la finance décentralisée, les security tokens et la gouvernance dans les organisations décentralisées autonomes. La conférence comportait aussi des ateliers de travail pour les développeurs voulant accroître leurs compétences sur Ethereum, présentant de nouveaux outils et de bonnes pratiques au niveau de la sécurité, des données utilisateurs et de la scalabilité principalement.
Parmi les intervenants, il y avait à la fois de grands groupes comme JPMorgan, Rabobank ou Axa, ainsi que de nombreuses startups et chercheurs. Peu de projets sont actuellement en production, mais beaucoup sont prometteurs et laissent à penser que la Blockchain Ethereum a de beaux jours devant elle.
Près de 250 conférences sur 3 jours …, nous avons donc sélectionné pour vous quelques axes majeurs sur lesquels nous intervenons actuellement chez nos clients :
Après l’avènement des cryptomonnaies et des ICO en 2017, la tendance était à la baisse fin 2018. Mais les « Tokens ERC20 » – standard de contrat Ethereum créé pour réaliser des tokens de paiements échangeables – ont rapidement évolué pour palier la demande de tokenisation sur la Blockchain Ethereum. Ainsi, les standards ont évolué : le standard ERC721 a été créé afin de disposer de tokens « non fongible » (NFT : Non-Fungible Tokens), en d’autres termes des tokens uniques – contrairement aux cryptomonnaies où tous les tokens sont similaires – ayant pour but de représenter des titres de propriétés (financiers ou non) sur la Blockchain.
Enfin, le standard ERC1400 a été créé. Bien que toujours au statut « draft », il est LE standard des security tokens, et il commence à être adopté dans différents projets.
Ainsi, lors de l’EthCC, nous avons pu assister à une présentation du Dauriel Network, lancé en février 2019. Cette plateforme utilise le standard ERC1400 permettant l’émission, la gestion et le transfert sécurisé d’actifs financiers tokenisés.
De la même manière, la plateforme Meridio permet la tokenisation de biens immobiliers sur son réseau.
La supplychain et la traçabilité des produits sont des domaines où la Blockchain est considérée comme un vecteur d’évolution, voire de révolution.
Arianee, startup française, propose son protocole Blockchain pour assurer la traçabilité de produits de luxe. Le projet d’Arianee couvre l’enregistrement dans l’application d’un produit de luxe lors de sa vente ou revente, ainsi que la certification que ce n’est pas une contrefaçon.
Assez similaire, OpenVino trace sur la Blockchain le vin, de sa production au consommateur final.
Enfin, Ambrosus utilise de l’IoT sécurisé et une Blockchain afin de fournir une solution de traçabilité d’aliments ou de produits pharmaceutiques.
L’un des obstacles majeurs de la Blockchain depuis quelques années est la scalabilité. Plusieurs solutions – en cours de développement – destinées à pallier ce problème ont été présentées durant l’EthCC.
Vlad Zamfir – l’un des chercheurs d’Ethereum les plus renommés – a présenté comment la mise à l’échelle pourrait être réalisée grâce au « sharding ». La problématique est qu’actuellement, chacun des nœuds du réseau possède l’intégralité de la Blockchain Ethereum (130 Go à l’heure actuelle), quand le sharding propose de diviser dans le réseau les nœuds en « shards », autrement dit en partitions de la Blockchain. Ainsi, chacun des nœuds validateurs du réseau ne validerait qu’un certain nombre des transactions, et de fait, la vitesse et la scalabilité augmenteraient. Cette solution est utilisée par « Ethereum 2.0 » (aussi appelée Serenity), qui d’après Vitalik Buterin devrait multiplier par mille la capacité de transactions par seconde du réseau, afin d’être utilisable par le grand public.
Une autre solution pour permettre la scalabilité est l’utilisation en parallèle de plusieurs Blockchains, interconnectées entre elles. Bien que sur le papier très compliqué, le développement de ce type de solution avance rapidement. Parity.io permet grâce aux outils Substrate et Cumulus de créer sa propre Blockchain, en paramétrant les logiques de consensus, les smart contracts, la gouvernance, etc. Le projet Polkadot, aussi présenté dans plusieurs conférences, permet de connecter ces chaînes ensembles, appelées « parachains ».
Avec l’avènement des projets Blockchain « corporate », les chaînes privées sont en plein essor. Ainsi, l’une des plus importantes banques du monde, JP Morgan, a développé sa propre solution de Blockchain privée basée sur Ethereum. Quorum est un projet open source de Blockchain privée assez similaire à Hyperledger Fabric. L’un des avantages majeurs de Quorum repose sur son interopérabilité native avec Ethereum et son écosystème. Quorum se veut plus rapide, supporte des transactions privées, et des mécanismes de consensus alternatifs au Proof of Work. Quorum est déjà très abouti, car utilisé en production chez certaines startups utilisant la Blockchain pour le trading de commodités (Komgo et Vakt), et pour la fameuse JPM Coin, la très récente cryptomonnaie au prix indexé sur celui du dollar, développée par JP Morgan sur Quorum, et utilisée pour des transferts inter-entreprises.
Le Web 3.0 est l’évolution future d’internet en un web respectant la vie privée des utilisateurs et leurs données en leur redonnant le contrôle. C’est un sujet très en vogue après les problèmes de fuite de données utilisateurs chez Facebook et Cambridge Analytica : les utilisateurs veulent reprendre le contrôle de leurs données et de leur identité, c’est ce qu’on appelle la « Self-Sovereign Identity ».
La Blockchain est un outil pertinent pour cela. Rabobank s’est servi d’Ethereum pour créer une plateforme de KYC et d’identité digitale appelée Universal Ledger Agent. Elle permet aux utilisateurs de stocker leurs identités dans un portefeuille sécurisé supportant plusieurs types de Blockchains, et de n’en montrer le contenu que temporairement et en choisissant à qui. Le protocole cryptographique « Zero Knowledge Proof » est en cours de mise en place dans leur projet.
Le protocole Blockchain Hellhound nous a aussi été présenté, par Sajida Zouarhi, acteur reconnu en France sur la Blockchain. C’est un projet qui entend redonner aux utilisateurs le contrôle total de leurs données. Il utilise lui aussi la technologie Zero Knowledge Proof, ainsi que d’autres technologies de cryptographie très avancées telles que le chiffrement homomorphe ou le calcul multipartite sécurisé.
Même si la technologie Ethereum est relativement récente et en constante évolution, quelques applications déjà en phase de production ont été présentées. Le protocole Blockchain Quorum, cité plus haut dans notre article, est par exemple en production dans plusieurs projets.
Le projet d’Axa nommé Fizzy (disponible sur fizzy.axa) utilise les smart contracts pour indemniser automatiquement les usagers en cas de retard de leur avion. Parmi les enjeux et développements futurs de l’application, la question des données utilisées pour déterminer les horaires des avions est posée, autrement dit : comment créer des oracles depuis les sources de données externes (aéroports ou compagnies aériennes généralement).
Last but not least … BTU Protocol, qui est un système de réservation utilisant Ethereum pour connecter directement clients et fournisseurs, est en production depuis quelques mois, et est en cours de démocratisation. Pour cela, BTU Protocol a créé des APIs facilement intégrables sur les sites de réservation, l’utilisation de la Blockchain est donc « invisible » et facilitée pour les utilisateurs.
L’écosystème Ethereum est en plein développement, beaucoup de projets de recherche sont en cours. L’enjeu est dorénavant la mise à l’échelle et la popularisation, ce qui passera aussi par l’utilisation de la technologie Ethereum dans des grandes entreprises.
Selon notre opinion, l’EthCC 2019, condensé d’innovations et rendez-vous de passionnés, fait partie de ces évènements qui font avancer l’écosystème Blockchain.
À noter : une seule conférence sur les stablecoin, un sujet très en vogue depuis la sortie du JPM Coin et des rumeurs du projet de Facebook autour de la création d’une cryptomonnaie pour WhatsApp.
Vivement l’an prochain !
Toutes les conférences sont disponibles en vidéo