La reconversion, parent pauvre des politiques d…
L'éclipse partielle du 20 mars prochain pourrait bien être un test important pour les gestionnaires de réseaux européens et pour la coordination entre ces derniers.
L'éclipse partielle de vendredi 20 mars entraînera un brusque changement de la production photovoltaïque (baisse puis augmentation rapide de la production) risquant de perturber l'équilibre du réseau électrique européen.
Le 20 mars prochain, une éclipse solaire traversera l'Europe entre 8h00 et 11h00 UTC. Elle sera totale au nord-ouest de l'Europe, au large des côtes du Royaume-Uni et de la Norvège et partielle (80% de taux d'occultation à Paris ) sur le reste de l'Europe.
Cette éclipse, une des plus importantes depuis 1999, a fortement attiré l'attention des gestionnaires de réseaux électriques européens notamment en raison de la forte augmentation des installations photovoltaïques dans plusieurs pays européens et des connexions entre réseaux nationaux.
L'ENTSO-E, représentant de nombreux gestionnaires de réseaux en Europe, a publié en février dernier (2) une étude sur l'impact de l'éclipse. Les résultats présentés montrent que, par ciel dégagé, la production européenne chuterait d'environ 20 GW pendant la première heure de l'éclipse et augmenterait de plus de 35 GW pendant la dernière heure.
En France métropolitaine, la puissance photovoltaïque installée est évaluée à 5,3 GW au 31 décembre 2014 (3). Cette puissance est relativement faible comparée aux 39,7 GW installés en Allemagne.
Cependant, le photovoltaïque joue aujourd'hui un rôle important dans les prévisions nationales effectuées par les gestionnaires de réseaux de transport et de distribution. Par ailleurs, un changement brutal de la production photovoltaïque pourrait avoir un impact important sur le réseau localement, dans les zones où sont concentrées de nombreuses installations photovoltaïques.
Au niveau national, on attend une baisse de production au maximum de l'éclipse entre 800 MW et 1,7 GW, en fonction des conditions météorologiques (4)
Le retour d'expérience de l'éclipse de 1999 amène les gestionnaires de réseau à être également attentifs aux fluctuations de consommation électrique lors de l'éclipse. D'une part, il est possible qu'une part importante de la population suspende ses activités habituelles pour observer l'éclipse. Ce comportement entrainerait une chute de la consommation lors de l'éclipse, contrebalançant alors en partie le manque de production photovoltaïque. L'étude de l'ENTSO-E évoque même que ces impacts seraient, au Royaume-Uni, plus impactant que la chute de production photovoltaïque. D'un point de vue comportemental, l'éclipse pourrait également influencer la population à allumer les lumières pour compenser la perte de luminosité.
D'autre part, l'éclipse de 1999 avait eu un impact sur les températures extérieures : de -3 à -5°C au moment de l'éclipse et -1°C jusqu'à 12h après la fin de l'éclipse (5). Ainsi, connaissant l'influence de la température sur les consommations électriques, en particulier en hiver, il pourrait également y avoir un impact sur les consommations dans les heures suivant l'éclipse.
Pierre Leplatois et Nicolas Taillard
La couverture nuageuse a permis de limiter l'impact sur la production photovoltaïque. Le site Eco2mix de RTE permet de suivre en temps réel l'état du réseau français et en particulier la production électrique par type de source. La courbe de production PV du 20 mars met en évidence une chute brutale puis une reprise rapide. A 10h30, maximum de l'éclipse, 800 MW de production se sont ainsi effacés, conformément aux prévisions.
(1) Données issues du de l'étude Solar impact analysis - ENTSO-E
(2) Solar impact analysis - ENTSO-E
(3) Tableau de bord éolien photovoltaïque du commissariat général au développement durable, février 2015
(4) Etude effectuée à partir de courbes de production PV nationales usuelles au mois de mars(source RTE), de données de puissances PV régionales issues du tableau de bord éolien-PV du commissariat général au développement durable et de données NASA sur l'éclipse.
(5) Source : Météo-France