La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Pour survivre dans un secteur où la concurrence fait rage, les stations-services doivent s'adapter.
Le paiement par carte bancaire, la présence de supérettes et celle de bornes de recharge pour voitures électriques feront partie de cette évolution. La distribution de carburant est le théâtre d'une concurrence féroce entre pétroliers et acteurs de la distribution.
Cependant, la modification du paysage concurrentiel avec un désengagement certain des pétroliers à la fois dans le raffinage et dans la distribution, le recentrage des acteurs de la grande distribution sur les produits du coeur de métier laissent présager de nouveaux modèles, de nouveaux services et même des nouveaux entrants low cost souhaitant pénétrer le marché. Parallèlement, les nouvelles contraintes réglementaires pourraient changer la donne et risquent de modifier fortement le modèle économique.
Trop peu rentables et trop concurrencées par les grandes surfaces, certaines stations sont aujourd'hui remplacées pour la plupart, par des automates. On les appelle également les stations fantômes car aucun service n'y est proposé, aucune personne est physiquement présente pour renseigner le client et les paiements se font uniquement par carte bleue.
Le géant américain du pétrole ExxonMobil, plus connu sous le nom de Esso en France, a ainsi converti près de la moitié de ses stations-service de l'Hexagone en Esso Express. Des stations entièrement automatisées, sans personnel ni services qui lui permettent de proposer les prix les plus bas et de concurrencer les stations des grandes surfaces. L'offre Esso Express s'est également enrichie au cours des années de services pour satisfaire les besoins de ses clients. Un partenariat avec le groupe Casino a permis de mettre en place un système de robots automatiques proposant entre 200 et 300 références de produits allant de la barre chocolatée aux produits de première nécessité.
Pourtant, selon Christian Roux «dans le réseau Elf, près de 30% des clients paient en liquide. Eux, les stations fantômes ne les prennent pas». S'ils veulent continuer à acheter du carburant dans les années à venir, ces clients-là devront obligatoirement passer à la carte bancaire.
Pour d'autres, les stations-service de demain seront plutôt multiservices. Au côté des pompes de distribution des carburants on trouvera «des superettes, des petits garages, des services liés à l'entretien de la voiture», déclare Philippe Guillard, Directeur adjoint de l'Energie. Ainsi, l'intérêt premier de cette infrastructure pourrait être profondément transformé : lieu de livraison de marchandises, hôtel, lieu de culture, lieu multimodal en complément d'un chargement rapide d'énergie fossile.
Les stations devraient également élargir leur gamme de produits. En effet, elle ne fournira plus seulement des carburants classiques (essence et diesel), mais aussi de l'hydrogène, du gaz naturel enrichi en biogaz Une nouvelle station-service publique combinant différentes sources d'énergies renouvelables devrait d'ailleurs être construite et être mise en service avant l'ouverture du grand aéroport international de Berlin Brandenbourg dans la banlieue de Schönefeld, prévue en octobre 2011.
Enfin, certains pensent que les stations-services pourraient devenir le lieu de recharge des véhicules électriques. La réalité sera certainement tout autre. L'immobilisation des usagers durant une période assez longue n'est pas compatible avec un flux continu de consommateurs. Un business model reste à inventer.
Quoi qu'il arrive, il faut s'attendre à un changement radical du modèle existant. La réorganisation des villes et des agglomérations ainsi que la modification des usages conditionneront ce nouveau modèle.
Cet article a également été publié sur la chaîne énergie de l'Expansion. C'est le dernier d'une trilogie.
C. de Lorgeril