La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Alors que l’information prolifère sur le web, la formation professionnelle ne peut plus se contenter d’en être un simple relais.
Plus que jamais, la mission du formateur est d’aider à trier et retenir les informations nécessaires, afin que l’apprenant s’approprie des connaissances et puisse y faire appel au-delà de la salle de formation. L’ancrage des connaissances repose sur des mécanismes simples et concrets, à mettre en place rapidement pour décupler l’impact de vos formations !
Les formateurs connaissent bien le principe de la courbe de l’oubli, qui explique le faible taux de rétention des apprenants : sans aucune sollicitation particulière de la mémoire ni mise en application des nouvelles connaissances, 90% de ce que nous apprenons est oublié dans les 3 jours(1). Le coût de cette courbe de l’oubli est conséquent pour l’entreprise, le formateur et l’apprenant. Pour nombre d’entreprises, les formations sont un centre de coût qui semble peu rentable, puisqu’elles ne permettent pas une réelle montée en compétences des collaborateurs. Pour le formateur, difficile de prouver la qualité de son travail puisqu’un test des acquis à froid donnerait des résultats peu probants… De manière générale, la formation en entreprise souffre d’un déficit d’image et est considérée par beaucoup de salariés et d’employeurs comme une opportunité qui ne remplit pas ses promesses, voire une obligation légale lourde. Il existe pourtant une solution afin d’améliorer le taux de rétention, et donc l’impact des formations : l’ancrage durable des connaissances.
La théorie de l’apprentissage adulte(2) a mis en évidence qu’il existe des niveaux de maturité d’apprentissage. Chez l’adulte en situation professionnelle, on identifie les caractéristiques suivantes :
-L’autonomie : l’adulte apprenant se dirige seul. A ce titre, le travail du formateur est de responsabiliser l’apprenant, par exemple en le laissant libre de s’inscrire ou non aux formations.
-L’orientation résultat : l’adulte retiendra plus volontiers une connaissance ou une compétence qu’il pourra appliquer à une situation réelle. Le formateur doit donc donner des exemples directement reliés au quotidien opérationnel des apprenants.
-L’orientation pertinence : l’apprenant retiendra beaucoup plus facilement ce qui lui semble pertinent par rapport à ce qu’il vit ou a vécu. Le formateur a donc intérêt à créer des fils directeurs de compréhension.
Ainsi l’apprentissage est plus efficace et durable lorsque l’apprenant participe de manière volontaire à une formation et qu’il a fixé en amont ses propres objectifs. D’où l’importance de faire exprimer les attentes, et d’expliciter clairement auprès de l’apprenant ce qu’il saura faire suite à la formation. Il faut également, pour ancrer les connaissances, lui montrer l’intérêt concret qu’il aura à pratiquer ce qu’il a appris, en lui donnant des exemples de situations d’application. Ces différents éléments jouent sur la bonne disposition d’esprit de l’apprenant, ce qui facilite la connexion de ses nouvelles connaissances à celles qui sont déjà ancrées.
L’aspect « motivation » s’avère donc aussi indispensable que le volet « compétences », dans la mesure où la volonté d’apprendre et de retenir a un impact sur la capacité à le faire…
L’objectif de l’ancrage est d’inscrire une information dans la mémoire dite « long terme ». Pour cela, le processus d’ancrage consiste à associer une réponse interne à un stimulus externe, de sorte que la réponse soit rapidement accessible. La répétition ne va pas suffire à créer cette connexion synaptique puissante. En effet, il est possible de répéter plusieurs fois une information qui restera dans la mémoire « court terme ». Pour l’inscrire dans la mémoire « long terme », il faut lui permettre d’assimiler à son rythme et de consolider le souvenir de l’information délivrée.
Pour cela, deux méthodes simples peuvent être mises en place :
Dans une étude publiée en 2014 dans le journal Psychological Sciences(3), l’observation des notes prises sur ordinateur de centaines d’apprenants à mis en évidence un manque de synthèse et une tendance à noter « au kilomètre », c’est-à-dire sans reformuler et avec la volonté d’être exhaustif. Les prises de notes sur papier sont, quant à elles, reformulées, graphiques et vivantes, avec des connecteurs logiques (flèches, notes sur le côté, etc.) et témoignent ainsi d’une prise de note active et engagée. La prise de note sur ordinateur, trop rapide, ne permet pas au cerveau d’assimiler les connaissances à une telle vitesse. D’autre part, le PC, quasiment toujours connecté à internet, détourne l’attention des apprenants. Enfin, des travaux de recherche menés par les neurophysiologistes de l’Université de Stavanger(4) ont mis en évidence un rapport kinesthésique au papier et au crayon qui facilite l’assimilation de connaissances, contrairement à l’action de taper des lettres sur un clavier, beaucoup plus mécanique.
En effet, pour que la création synaptique soit forte, il faut expérimenter le rappel d’une connaissance plusieurs fois, sans que ce rappel soit une simple répétition. Pour cela, il faut espacer les moments de rappel avant, pendant et après la séance de formation, en donnant notamment des devoirs – lectures préalables, questionnaires découverte, exercices, etc.
Le jeu est le mécanisme d’ancrage le plus abouti au regard des aspirations et des comportements de la génération Y : il offre la possibilité de faire manipuler la connaissance par la vue, l’ouïe et l’action / le toucher, et ainsi d’adresser tous les types de mémoire. Il permet également de créer des connexions logiques entre plusieurs informations, et donc, comme mentionné précédemment, de créer une chaîne de connaissance dont chaque maillon renforce l’ensemble.
De nombreuses startups digitales proposent des solutions attractives et accessibles pour aider les entreprises à maximiser l’impact de leurs formations. 2Spark, par exemple, propose une méthode ludique, itérative et personnalisée : tous les jours pendant une minute, une leçon et un quizz instantané, avec un système de points et de lots. La méthode Woonoz propose un apprentissage actif par le questionnement, avec corrections et explications systématiques. Domoscio, pour sa part, a constaté une multiplication par trois du taux de rétention grâce à un système de répétition des tests, quizz et jeux d’apprentissage(5).
Aujourd’hui, la formation en entreprise s’oriente encore trop souvent vers des e-learnings qui laissent le collaborateur passif et démotivé, et des formations présentielles magistrales sans interactivité, dont le contenu aurait pu être délivré sous format papier. La valeur du formateur n’est manifestement plus dans le contenu, facilement disponible sur internet en quelques clics, mais bien dans sa capacité à faciliter l’apprentissage et l’ancrage. Pour cela, il doit travailler sur les ressorts de la motivation et les objectifs des apprenants, s’appuyer sur le digital afin de faire participer, voire jouer les collaborateurs, avant, pendant et après les séances magistrales.
(1)Expérience de la courbe de l’oubli menée par le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus en 1985
(2) Malcom Knowles : Adult learning theory, appelée Andragogie
(3) Etude publiée en 2014 dans le Psychological Sciences Journal, par Pam Mueller et Daniel Oppenheimer
(4) ScienceDaily
(5) Site de la start up 2Spark