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L'entreprise participative de 2020 : la crowdenterprise

Cet article a permis à son auteur Maxime Bourdillon, Telecom Ecole de Management, de remporter un prix de publication, lors du concours étudiant Génération mobilité 5, ...

Cet article a permis à son auteur Maxime Bourdillon, Telecom Ecole de Management, de remporter un prix de publication, lors du concours étudiant Génération mobilité 5, organisé par Sia Partners, Orange et JobTeaser.com en partenariat avec Le Monde.

La transformation majeure subie par internet depuis que le réseau est accessible aux particuliers est la révolution du web 2.0. Sur celui-ci, les plateformes collaboratives comme Wikipédia et YouTube permettent aux internautes, au départ spectateurs passifs, de participer activement à la création du contenu des sites. À travers le web 2.0, le monde des entreprises est aussi touché par le phénomène de la contribution : désormais l'internaute peut également se transformer en un acteur de l'entreprise[i]. Aujourd'hui, les deux domaines professionnels touchés par cette révolution sont le financement et le marketing. A quel point la révolution qui a touché le web s'est-elle et va-t-elle se propager au monde de l'entreprise ?

Le marketing participatif, ou encore marketing collaboratif, consiste à faire participer les consommateurs à la création ou à la promotion d'un produit, d'un service, d'une marque. Il peut s'agir de stimuler le bouche-à-oreille, demander l'avis de particuliers ou même leur proposer de créer eux-mêmes un produit, une publicité. Si cette technique a pris une ampleur considérable, c'est notamment grâce au développement d'internet et à l'apparition des réseaux sociaux, qui permettent de communiquer facilement, directement et en temps réel avec les consommateurs[ii].

Quant au crowdfunding, son objectif est de faire financer par les internautes des projets à but lucratif ou non. Ceux qui proposent les projets sont parfois des associations, de temps en temps des entrepreneurs[iii]. Le site américain Kickstarter totalise à lui seul 5.6 millions de donateurs, 55 000 projets financés et 963 millions de dollars récoltés[vi]. La crowdéconomie n'est plus une utopie !

La révolution du web 2.0 n'est pas terminée

Entre marketing participatif et crowdfunding, l'entreprise se fond de plus en plus dans la communauté des particuliers. Et cela grâce aux interactions multiples du web 2.0, qui a aussi permis l'avènement du C to C (Customer to Customer) : les échanges économiques de biens et de services ne se font plus uniquement par l'intermédiaire des entreprises. Désormais des sites comme le français Le Bon Coin et le géant eBay favorisent l'émergence d'un gigantesque marché entre particuliers[v]. L'internaute a de plus en plus de pouvoir dans le monde économique, au détriment des entreprises.

On peut dès lors imaginer les startups 2.0 comme des associations temporaires d'individus autour d'un même projet, qui s'évaporent lorsque le projet arrive à son terme. Ces nouvelles sociétés, les crowdenterprises, seront beaucoup plus compétitives en termes de prix et beaucoup plus flexibles. Bien sûr elles n'auront pas pour vocation de remplacer toutes les entreprises conventionnelles. Comment une structure si éphémère pourrait-elle devenir une grande industrie ? Elles fleuriront plutôt dans le secteur tertiaire et viendront concurrencer les sociétés de conseil, les SSII ou les éditeurs de logiciels. Les logiciels libres sont la preuve qu'un ensemble de particuliers peuvent créer ensemble un outil informatique tout-à-fait performant. De telles communautés de développeurs indépendants pourraient recevoir le nom de crowdenterprises si elles vendaient leurs logiciels et que chaque contributeur était rémunéré en fonction du travail qu'il a réalisé et du chiffre d'affaire de la crowdenterprise.

La différence avec une entreprise ? Pas de salarié et pas d'existence juridique. Donc pas question de CDI ou de salaire fixe pour ces travailleurs 2.0. Espérons que la flexibilité du nouveau marché de « l'emploi » leur permettra de rejoindre ou de monter facilement une crowdenterprise. Un article de The Economist compare le boom actuel des startups avec la multiplication des formes de vie au Cambrien[vi]. Mais le printemps vient tout juste de commencer : plus simples à créer, les crowdenterprises fleuriront et se faneront plus vite et en plus grand nombre que les entreprises du numériques aujourd'hui.

La crowdenterprise : celle que tout le monde attend

Si personne n'en sera vraiment propriétaire, la crowdenterprise devra quand même avoir un chef de projet, une personne qui prendra l'initiative de la créer et qui coordonnera les différents acteurs. Mais dans ces entreprises 2.0, toute personne prenant part à un projet de crowdenterprise sera un crowdentrepreneur indépendant qui aura plus de liberté, plus d'autonomie que n'importe quel salarié. Le télétravail sera la norme. Plus affranchies des lois et des obstacles financiers, les crowdenterprises répondront au désir de liberté et d'indépendance de la génération Y[vii]. Une étude a avancé que plus des deux-tiers des jeunes adultes sont intéressés par l'entrepreneuriat[viii].

Les entreprises 2.0 vont continuer à se rapprocher du consommateur, du particulier. Elles permettront à l'internaute de se sentir plus que jamais investi dans la démarche entrepreneuriale. Il pourra prendre lui-même l'initiative de créer le produit qu'il souhaite en montant sa crowdenterprise.

 

Et c'est pour quand ?

Les outils pour monter et gérer sa crowdenterprise existent déjà. Vous recherchez un développeur qui voudrait rejoindre votre crowdenterprise ? Les sites eLance et oDesk vous aideront à trouver des freelancers. Un moyen de paiement en ligne pour encaisser vos clients et rémunérer vos contributeurs ? Paypal. Une plate-forme de partage de documents en ligne pour que les membres de votre crowdenterprise travaillent ensemble à distance ? Google Drive. Quant aux réseaux sociaux, ils permettront de mettre en contact les crowdentrepreneurs entre eux, de faire connaître leurs projets et produits à la communauté des crowdentrepreneurs ou à de potentiels clients.

De marketing participatif et crowdfunding à crowdenterprise, il n'y a qu'un pas. Et à la vitesse à laquelle évolue aujourd'hui tout ce qui touche au web, il est probable qu'en 2020 la crowdenterprise soit une réalité.

 

 


Sources

[i] http://www.internetactu.net/2005/09/29/quest- ce-que-le-web-20/, Hubert Guillaud, « Qu'est-ce que le web 2.0 ? », 29/09/05, article consulté le 12/01/14

http://www.journaldunet.com/solutions/0601/060105_tribune-sqli-web-20.shtml, Frederic Cavaza, « Web 2.0 : la révolution par les usages », 19/12/2005 , article consulté le 12/01/14

 

[ii] http://www.expertinbox.com/le-marketing-participatif-influence-marques/, Emilie Moronvalle , « Le Marketing Participatif : quand les consommateurs prennent la parole et influencent les marques », 1/03/2013, article consulté le 20/01/14

http://www.conseilsmarketing.com/techniques-de-ventes/elaborez-votre-strategie-en-marketing-participatif, Sarah Montaigne, « Elaborez votre stratégie en Marketing Participatif ! », 06/05/2013, article consulté le 20/01/2014

François Laurent, « Marketing 2.0 », 2008, éditions Pearson

 

[iii] http://www.journaldunet.com/patrimoine/finances-personnelles/investissement-crowdfunding.shtml, Lélia De Matharel, « Investissez grâce au crowdfunding », 26/06/13, article consulté le 20/01/2014

http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/emploi/crowdfunding-quels-avantages-pour-un-entrepreneur_1178249.html, Julien Lesueur et Pierre Conreau, « Crowdfunding : quels avantages pour un entrepreneur ? » 25/10/2012, article consulté le 20/01/2014

 

[iv] https://www.kickstarter.com/hello?ref=nav, « What is Kickstarter? », page consultée le 20/01/2014

http://www.economist.com/blogs/babbage/2014/01/online-fundraising, « Online fundraising; The roar of the crowdfund », 16/01/2014, article consulté le 20/01/2014

 

[v] Gabriel Képéklian et Jean-Louis Lequeux, « Déployer un projet Web 2.0 : anticiper le Web sémantique (Web 3.0) », 2009, éditions Eyrolles.

http://www.businessnewsdaily.com/5084-what-is-c2c.html, Elaine J. Hom,« What is C2C? », 11/09/2013, article consulté le 26/01/2014

 

[vi] http://www.economist.com/news/special-report/21593580-cheap-and-ubiquitous-building-blocks-digital-products-and-services-have-caused, « A Cambrian moment », 18/01/2014, article consulté le 20/01/2014

 

[vii] http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/04/11/generation-y-les-empecheurs-de-travailler-en-rond_3158117_3224.html, Guillemette Faure , « Génération Y... Les empêcheurs de travailler en rond », 11.04.2013, article consulté le 26/01/2014

Carol Allain, « Génération Y », 2008, Les Éditions Logiques.

 

[viii] http://www.economist.com/news/special-report/21593580-cheap-and-ubiquitous-building-blocks-digital-products-and-services-have-caused, « A Cambrian moment », 18/01/2014, article consulté le 20/01/2014