La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Les pics de consommation électrique en France n'ont pas connu de records cette année. Pour cause, un hiver 2014 assez doux jusqu'à présent.
En effet, la consommation de l'électricité en France est très sensible aux variations de températures, et ceci est dû principalement à l'usage répandu du chauffage électrique.
Avec un hiver 2014 assez doux, les pics de consommation électrique en France n'ont pas connu de records cette année. En effet, la consommation de l'électricité en France est très sensible aux variations de températures, et ceci est dû principalement à l'usage répandu du chauffage électrique. Cependant, cette thermo-sensibilité est observable dans le reste des pays européens mais à moindre échelle.
Une étude statistique de la variation de la consommation nationale de chacun des pays de l'union européenne par rapport aux variations de températures démontre que le gradient de consommation Français est de loin le plus important en Europe. Par contre, rapporté au nombre d'habitants, le gradient de certains pays scandinaves comme la Suède et la Finlande, apparaît comme très conséquent. L'examen de la courbe de consommation électrique en France ainsi que celles des températures observées sur le territoire, démontre une corrélation négative assez forte. Plus la température est basse, plus la consommation électrique augmente. En été, au contraire, plus la température augmente, plus on fait appel à la production des centrales électriques.
Ce phénomène, qu'on appelle la thermo-sensibilité, s'explique essentiellement par l'usage des appareils électriques pour régler la température ambiante des espaces de vie : le chauffage électrique en hiver, et les climatiseurs en été. En France, 9,2 millions de ménages étaient équipés d'un chauffage électrique en 2010 . Ce taux de pénétration élevé explique les records de pics de consommation électrique constatés en hiver, comme ce fut le cas en Février 2012, quand on a enregistré le record national en atteignant les 102 GW appelés à 19h. Afin de mesurer cette thermo-sensibilité à l'échelle de chacun des pays européens, une étude statistique a permis de calculer le gradient de consommation observé pour une variation de température. L'étude s'est appuyée sur une méthode de régression linéaire entre les consommations moyennes d'électricité et les températures observées moyennes à l'échelle journalière . Ce calcul s'est restreint aux températures inférieures à 15°C et à la période Novembre 2009-Octobre 2013.
Les résultats statistiques démontrent que la France présente un gradient très élevé par rapport au reste de l'Europe. Avec près de 2000 MW de variation de consommation, pour une baisse de température d'un degré, le gradient Français représente environ le tiers de la thermo-sensibilité européenne moyenne. Le Royaume-Uni et l'Espagne présentent respectivement un gradient de -800 et de -550 MW/°C. La thermo-sensibilité Française doit cependant être relativisée par rapport au nombre d'habitants. En effet, en examinant les gradients de consommation divisés par la population, certains pays scandinaves se distinguent. La Suède et la Finlande présentent des consommations électriques par habitant très importantes par rapport au reste de l'Europe, ainsi qu'une thermo-sensibilité rapportée à la population très élevée (du même ordre de grandeur que celle de la France voire plus pour la Suède).
Cette thermo-sensibilité suédoise importante, pourrait expliquer, d'une part, par une part importante des appareils électriques dans les moyens de chauffage (31% en 2006 ) et, d'autre part, par la part importante de l'hydroélectricité dans le mix énergétique (45% de la production électrique en 2011), énergie pas chère et facilement modulable. De ce fait, certes la thermosensibilité de la consommation électrique française est très importante par rapport aux autres pays européens, cependant, rapportée à la population, elle apparaît élevée mais inférieure à celle de la Suède, et du même ordre de grandeur que la Finlande.
Pierre Leplatois et Ilyes BORGI
Notes & Sources
1- L'étude statistique menée englobe 25 des 27 pays de l'UE-27
2- Source : ADEME Les chiffres clés du bâtiment 2011
3- Pour le calcul de la température moyenne de certains pays, comme la France, une température moyenne pondérée des cinq plus grandes villes a été adoptée
4- Une distinction entre les jours ouvrés et les samedis/dimanches a été prise en compte lors du calcul du gradient
5- Source : An international comparison of district heating markets (2009), Britt Aronsson & Stefan Hellmer