La reconversion, parent pauvre des politiques d…
LiST, CLMT/SSM Liquidity Exercise, ILAAP, Fire Drill, CFP (…). Les acronymes désignant ou englobant différents exercices de crise de liquidité s’accumulent depuis quelques années.
Ces diverses demandes émanant du régulateur ou superviseur contraignent les établissements financiers à démontrer l’effectivité de leur dispositif de pilotage de la liquidité en situation de crise suivant les paramètres imposés par le régulateur durant l’exercice. A noter par ailleurs que ces demandes tendent à se complexifier au fil des années, ce qui implique, pour les établissements assujettis, de collecter, calculer et restituer des données et métriques de plus en plus granulaires.
Au-delà de l’aspect purement réglementaire, comment les banques peuvent-elles transformer ces multiples contraintes en opportunité pour améliorer le pilotage de leur liquidité ?
Dans la suite de cet article, Sia Partners vous propose un tour d’horizon des différents exercices de crise avant d’en décrypter les enjeux et opportunités pour les banques, tant d’un point de vue organisationnel et SI, que métier.
Par son action intensive depuis maintenant plus de 3 ans (cf. image ci-dessous) avec la création ou l’enrichissement de multiples exercices règlementaires, le superviseur européen laisse paraître une volonté de se rapprocher des institutions bancaires sous sa supervision afin d’en garantir la robustesse globale.
Via ce rapprochement, la BCE[1] tend à se positionner en quatrième ligne de défense, derrière les 3 niveaux listés ci-après (niveaux de contrôles traditionnellement intégrés à l’établissement) :
Le Niveau 1, réalisé par les ressources opérationnelles que constitue le métier ALM[2] produisant les métriques internes et tableaux de bord réglementaires usuels sur le volet de la liquidité (LCR[3], NSFR[4], ALMM[5]…).
Le Niveau 2, appelé « contrôle permanent » ou encore « contrôle de second niveau », est quant à lui souvent rattaché à la direction des Risques et/ou de la Conformité. Son objectif est de vérifier, entre autres, l’exactitude des métriques produites ainsi que leurs modèles de calcul.
Le Niveau 3, appelé « contrôle périodique » représenté souvent par l’Inspection Générale de l’établissement et dont l’objectif est de réaliser un état des lieux exhaustif du dispositif de gestion du risque de liquidité à fréquence définie (par exemple tous les 2 ans).
Dans ce cadre, la BCE exige la réalisation de différents exercices de crise aux institutions systémiques sous sa supervision. Dans l’ordre chronologique de mise en vigueur, ces exercices sont :
Le CLMT[6] ou SSM Liquidity Exercice, demandé une fois par an depuis 2016 par la BCE (sous la supervision du SSM[7]) et dont l’objectif est de vérifier la capacité des banques systémiques à suivre quotidiennement leur liquidité en situation de crise.
Le Fire Drill, réalisé en 2016 (uniquement), avait pour objectif de vérifier la capacité des 25 plus grandes banques européennes à fournir au régulateur un indicateur de liquidité[8] et de crédit en seulement 5 jours.
Le LiST[9], quant à lui, a été instauré pour la première fois en ce début d’année 2019. Par cette nouvelle demande, la BCE souhaite cette fois-ci mesurer la sensibilité des banques systémiques au risque de liquidité notamment en appliquant différents vecteurs de stress au Reporting Maturity Ladder (produit mensuellement dans le cadre des ALMM).
La cartographie ci-dessous vise à :
Formaliser une vision synthétique des 3 différents exercices, en affichant leurs caractéristiques propres (date d’entrée en vigueur, organe générateur, objectifs et modalités).
Mettre en exergue leurs points communs par rapport à d’autres demandes règlementaires courantes, que sont :
In fine, une fois les différents exercices de crise présentés, les missions réalisées au sein des banques françaises mettent en exergue trois enjeux principaux :
Une adaptation rapide et sans impact sur l’organisation déjà mise en place par ailleurs
Une nécessité de disposer d’un SI efficient et flexible pour produire les métriques demandées
Une opportunité pour transformer la contrainte réglementaire en atout pour le pilotage interne
Nous vous proposons d’étudier ces éléments dans un prochain article.
[1] Banque Centrale Européenne
[2] Asset & Liability Management, ou gestion actif-passif (en français)
[3] Liquidity Coverage Ratio : Ratio de liquidité court-terme (1 mois) – produit mensuellement
[4] Net Stable Funding Ratio : Ratio de liquidité long terme (1 an) – produit trimestriellement
[5] Additionnal Liquidity Monitoring Metrics : Outils de pilotage additionnels de liquidité – produit mensuellement
[6] Crisis Liquidity Management Template (en anglais)
[7] Single Supervisory Mecanism (en anglais) / MSU : Mécanisme de Supervision Unique (en français)
[8] Sur le volet liquidité, l’indicateur du CLMT se rapproche de l’état C66 des ALMM : la « Maturity Ladder ».
[9] Liquidity Stress Tests