La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Les Jeux Olympiques et paralympiques d’été qui se dérouleront à Paris en 2024 vont être l’occasion pour Paris et, plus globalement, pour la France de mettre en lumière sa capacité à innover
Un événement sportif sans digital est aujourd’hui un événement sportif sans visibilité. La culture digitale fait partie intégrante de son organisation tant pour sa promotion et sa notoriété, que pour l’expérience intra ou extra-sportive associée à ce même événement
Les Jeux Olympiques et paralympiques d’été qui se dérouleront à Paris en 2024 vont être l’occasion pour Paris et, plus globalement, pour la France de mettre en lumière sa capacité à innover. En effet, l’innovation digitale est au centre des débats pour le comité d’organisation qui veut offrir une expérience unique aux acteurs de l’événement.
Dans ce contexte, un appel d’offre a été lancé en 2016 afin de sélectionner des projets innovants en vue de l’organisation des Jeux. Dans la continuité, le 11 décembre 2018 s’est déroulé, au stade de France, le premier événement dédié à la transformation numérique des JO. De nombreux sujets ont été évoqués tels que l’expérience spectateur, la mobilité, la sécurité, le développement économique et écologique en ayant pour objectif l’héritage laissé par ces JO aux franciliens. Cet héritage est celui de la Smart City, « la ville intelligente » qui a été l’un des points clés de la candidature de la France.
L’enjeu de Paris 2024 est donc de proposer une expérience inédite au Grand Public en tant qu’acteur des rencontres sportives à leur domicile ou dans le stade. Au-delà des spectateurs, c’est la ville toute entière qui va être impactée par les Jeux avec, entre autres, de nouvelles infrastructures ou le développement de nouveaux emplois.
Le 21 février 2019, l’organisation des Jeux de Paris 2024 a dévoilé le futur site des Jeux de 2024 en présentant une « expérience sport » totalement inédite à travers des Jeux accessibles et populaires allant au-delà des stades et venant à la rencontre du public. Cela s’exprime notamment à travers 2 concepts principaux :
Paris 2024 explore donc de nouveaux territoires en offrant la possibilité aux fans de partager l’expérience olympique et aux organisateurs de travailler sur de nouvelles opportunités commerciales.
Lorsqu’un événement sportif est retransmis à la télévision, une grande partie des revenus provient des droits de diffusion et de la publicité. Grâce aux audiences qu’ils engendrent, les JO représentent une opportunité commerciale exceptionnelle pour ses organisateurs puisqu’ils attirent un grand nombre de chaînes du monde entier, achetant tous les droits pour diffusion domestique et vendant aux entreprises les créneaux publicitaires.
A travers le digital, les diffuseurs peuvent proposer de nouveaux formats plus adaptés aux modes de consommation et aux exigences des différents publics en permettant aux téléspectateurs de créer leur programme omnicanal et de choisir les épreuves ou les athlètes qu’ils veulent suivre. Le numérique offre également la possibilité de connaître très précisément son audience et ainsi de mieux la cibler et la valoriser auprès de ses annonceurs. Aujourd’hui, le ciblage publicitaire n’est pas autorisé à la télévision mais il est probable que, d’ici 2024, le législateur français légifère en sa faveur. Dans ce cas, les profits générés par les organisateurs et les diffuseurs seraient d’autant plus importants.
Au-delà des épreuves et de l’expérience omnicanale vécue par les téléspectateurs, les JO encouragent la France à réinventer l’expérience client dans les espaces dédiés et notamment les stades.
La digitalisation joue également un rôle dans l’expérience vécue par les spectateurs dans les stades. Prenons l’exemple de la blockchain, technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Son impact est multiple : elle peut améliorer la coordination entre les acteurs, réduire les coûts grâce à la désintermédiation et sécuriser les données.
Pour Jean-Pierre Landau, ancien gouverneur de la Banque de France qui a rédigé un rapport sur les cryptomonnaies rendu au ministre de l’Economie et des Finances, l’utilisation de la blockchain au service du sport peux se faire de deux manières.
Tout d’abord, la blockchain permet la digitalisation d’une partie de la billetterie des Jeux Olympiques en 2024. Celle-ci se ferait avec une application utilisant les Tokens (jetons d’une blockchain) qui permet des échanges sécurisés et cryptés de billets. Par ailleurs, ces Tokens pourraient être utilisés pour récompenser les volontaires de services publics lors de ces événements et par exemple être distribués contre des tâches de nettoyage.
Depuis quelques années, de plus en plus de stades « nouvelle génération » sont sortis de terre. Leur force par rapport aux stades classiques ? Optimiser la répartition des publics tout en fluidifiant le trafic et offrir une toute nouvelle expérience spectateur grâce à une connectivité de plus en plus forte et permettant le développement de nombreux services personnalisés : replay, statistiques, animations individuelles et collectives, restauration, achats de produits dérivés et d’accessoires…
La clé de voûte de cette expérience est la connectivité à l’intérieur du stade. Pour les JO 2024, la couverture Wi-Fi haut débit proposera une expérience sportive à la fois en direct et sur les grands écrans, le tout relié à la fibre optique. Le déploiement de capteurs, de balises Wi-Fi et eBeacon (balises de géolocalisation qui détectent les signaux des périphériques iOS et Android aux alentours) à l’intérieur du stade mettra en place ces nouveaux services en géolocalisant les spectateurs, et en développant des scénarios personnalisés. Parmi ces nouveaux services, on retrouve l’animation en temps réel pour recevoir les statistiques du match et revoir les meilleures actions au ralenti ou encore le push pour inciter à commander de la nourriture et des boissons et être servi directement à sa place.
Aujourd’hui, l’expansion de la couverture Wi-Fi permet déjà d’optimiser l’expérience client au-delà du traditionnel service de buvette. Par exemple, le Stade Océane du Havre FC a inauguré au sein même du stade, un hôtel, Le 1872 Stadium Hotel. En 2019, un restaurant devrait également ouvrir. Grâce à la couverture réseau, le spectateur pourra depuis son siège réserver une chambre d’hôtel ou une table au restaurant. La Fédération Française de Tennis a, par ailleurs, développé une application pour Roland Garros regroupant des services personnalisés comme la commande des repas, l’accès à une boutique et le suivi des statistiques en temps réel pour inciter les amateurs de tennis à venir assister aux matchs plutôt que de rester chez eux.
Cependant, en 2024, les stades ne seront pas les seuls connectés. La ville toute entière le sera en devenant une Smart City.
Paris a placé la Smart City au cœur de son projet de candidature aux Jeux Olympiques. Si plusieurs définitions existent concernant la Smart City, la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) la décrit comme « la ville intelligente (…) » et dont l’objectif est « d’améliorer la qualité de vie des citadins en rendant la ville plus adaptative et efficace, à l’aide de nouvelles technologies qui s’appuient sur un écosystème d’objets et de services ». Les JO seront donc l’occasion de découvrir et d’apprécier Paris sous un nouveau jour en termes de transports et d’infrastructures.
Dans le contexte de la Smart City parisienne présentée lors de la candidature, l’enjeu principal est d’éviter au maximum les désagréments engendrés par la tenue des Jeux et d’optimiser la gestion de la foule. L’objectif est également de faire en sorte que l’ensemble des franciliens puissent bénéficier post-JO (et sur le long terme) des infrastructures mises en place et des technologies développées.
En 2016, un appel à innovation a été lancé en demandant aux start-ups de proposer leurs solutions à certains défis posés par l'organisation des JO. Parmi les projets retenus, la société Placemeter s'est imposée dans la catégorie Smart City : elle a démontré comment régler la question de la congestion générée par les Jeux en développant une technologie de vision permettant de compter et différencier les voitures, vélos, motos, piétons et camions. La finalité est d'estimer et d'anticiper les flux de personnes, ainsi que de tester l'influence d'aménagements de l'espace public sur ces mouvements.
Un autre exemple de start-up qui a réussi à s’imposer dans la catégorie de la Smart Mobility est Navya. L’entreprise a développé des navettes électriques autonomes dont le rôle est de transporter les athlètes sur le village olympique à la demande, grâce à des commandes.
Les Jeux Olympiques 2024 vont donc impacter fortement la ville de Paris et ses alentours. Pour la population francilienne, les retombées économiques seront importantes.
Comme tout événement sportif de cette envergure - et encore plus dans le cadre des Jeux Olympiques de par leur essence autour de nombreux sports et de nombreux pays – les retombées économiques attendues sont très importantes et peuvent être divisés en trois catégories : tourisme, organisation & construction.
Cependant, les retombées économiques prévues pour les Jeux Olympiques sont généralement assez ambitieuses. Et d’expérience, elles sont souvent challengées à la suite des Jeux. De plus, les budgets estimés par les organisateurs sont toujours dépassés : à Pékin, en 2008, le taux de dépassement était de 1130 %, celui de Barcelone, en 1992, de 156 %. Dans ce contexte, le Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES) a ainsi publié une étude[2] permettant d’évaluer les retombées économiques potentielles par catégorie tout en étant précautionneux et en les déclinant en trois scenarii potentiels :
Malgré tout, d’autres exemples tendent à être prudent quant aux prédictions. En effet, à Londres en 2012, l’organisation a coûté 9 milliards de livres (10 milliards d’euros) aux contribuables britanniques, soit plus du double de ce qui avait été annoncé initialement. Les Jeux ont en revanche rapporté immédiatement 9,9 milliards (11 milliards d’euros) de livres et à moyen termes ils devraient rapporter 13 milliards (14,5 milliards d’euros).
En 2016 aux Jeux Olympiques de Rio, les retombées ont été beaucoup plus négatives. Les Jeux auraient coûté 11,5 milliards d’euros mais ni les stades ni les hôtels ou une quelconque infrastructure construite à cette occasion n’ont été réutilisés. Le tourisme n’a pas été plus impacté qu’en temps habituel car le Brésil est déjà le pays le plus visité d’Amérique Latine.
A Paris, au-delà des retombées économiques prévues d’au moins 5,3 milliards d’euros et des 119 000 emplois créés, 5 000 logements nouveaux seront construits et mis au service de la population, au cœur de la Seine Saint-Denis, un territoire qui présente une forte demande en logements. Nous verrons dans six ans si ces prévisions viennent contrarier la tendance de Londres et Rio.
Les Jeux Olympiques suscitent depuis des années un enthousiasme planétaire au cours duquel les États s’affrontent dans un état d’esprit sain et combatif, essence même du sport. L’organisation d’une telle compétition est d'une part l’occasion rêvée pour une nation de repenser ses infrastructures sportives et d'autre part, l’ensemble de ses voies de communication sur son territoire (qu’il s’agisse de liaisons physiques ou digitales).
Véritable laboratoire de test in situ de technologies, les Jeux deviennent le lieu d’affrontement des athlètes sportifs, mais aussi des innovations au service de la société. Ce rendez-vous, qui a toujours été une démonstration de disciplines sportives, devient en simultanée un prétexte à la compétition et à la diffusion de nouvelles technologies au bénéfice d’un large public.
L’économie globale d’un tel événement est une formidable opportunité pour le pays organisateur de redynamiser son environnement économique et social ; cette opportunité est décuplée si cette dynamique se traduit par une effusion durable et perceptible en amont et en aval de l’évènement.
Enfin, avec plus de la moitié de la population mondiale spectatrice, les Jeux sont un véritable vecteur de rayonnement du pays organisateur. En 2024, des milliards de regards se tourneront vers la France, extraordinaire aubaine de propagation digitale des valeurs de la patrie des droits de l’homme et de son attractivité économique, sociale et responsable.
[1] Agence spécialisée dans l'événementiel, le marketing et le coaching sportif